L'église Notre-Dame : un monument d’avenir

Après avoir concentré leur attention sur la préservation de nos biens culturels les plus importants, les Français redécouvrent la valeur de l'architecture dite mineure, celle de nos quartiers et de nos villages. Tel édifice. planté là, dans le territoire d'une communauté villageoise depuis des siècles, s'insère dans son histoire et témoigne de sa présence pour les générations futures.

Ainsi, en groupe ou de manière individuelle, les chercheurs prennent conscience de la dimension historique de leurs travaux Sans doute, la satisfaction personnelle de scruter le sol d'un terrain de fouilles ou de découvrir sous l'apparente vétusté d'un bâtiment, une merveille d'architecture, participe-t-elle à l'émulation.

Or. il s'avère que Montmorency possède des richesses insoupçonnées à l'intérieur de ce qui fut le bourg anciennement ceint de remparts.

Bien sûr, du vieux bourg viticole qu'est Montmorency au XVIII^e siècle, il subsiste peu de choses après les bouleversements opérés depuis quelques années.

Des vestiges significatifs de l'histoire de notre cité ont disparu, une partie de son atmosphère rurale a également succombé et le dénombrement des monuments situés dans le vieux centre historique a gagné en concision.

La structure même de ce centre a été altérée au point qu’il est bien difficile de situer sur le terrain la trame serrée des rues et des ruelles qui le traversait.

Cependant, tout n'a pas été gommé, il subsiste encore suffisamment d'édifices pour évoquer l'architecture de ce centre ancien.

Quelques-uns des principaux bâtiments qui constituaient l'armature sociale et économique de l’ancienne cité sont encore debout, plus ou moins estropiés, borgnes, mais présents. Leur fragilité sollicite, aujourd'hui, nos soins attentifs. Qui sont-ils ?

• La Collégiale Saint Martin, attachée depuis le XVI^e siècle à l’histoire de Montmorency.
• Le château féodal. Seule la motte sur laquelle il était érigé a survécu ; peut être livrera-t-il un jour, le secret de ses substructures.
• Le couvent des Oratoriens, démoli sous le premier Empire, mais dont une partie de l'aile nord a été conservée.
• L'Auditoire, où était rendue la justice du Baillage. Il a été construit à la fin du XVIII^e siècle à l'emplacement d'un bâtiment plus ancien.
• Les remparts dont on aperçoit de place en place des vestiges.

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L'église Notre-Dame, enfin, est vraisemblablement le plus ancien édifice cultuel. C’est elle qui occupera l'essentiel de notre propos. En effet. sa silhouette discrète à l’angle de la rue Notre-Dame et de la rue au Pain, ses vieux murs lépreux, lui confèrent un dangereux anonymat.

L'église Notre-Dame, enfin, est vraisemblablement le plus ancien édifice cultuel. C’est elle qui occupera l'essentiel de notre propos. En effet. sa silhouette discrète à l’angle de la rue Notre-Dame et de la rue au Pain, ses vieux murs lépreux, lui confèrent un dangereux anonymat.

Transformée en bâtiment d'habitation, rien ne laisse supposer, côté rue, sa destination première. Les murs épaulés de contreforts, la tour carrée, malheureusement écrétée, qui devait être le clocher, permettent au curieux, une fois la porte du jardin franchie d'imaginer église.

Le vaste vaisseau primitif, long de 22 à 23 mètres et large de 15 mètres environ, comportait une nef, deux bas-côtés et une abside aujourd’hui disparue.

Bien qu'aucun relevé précis, appuyé par des fouilles, ne permette de décrire avec exactitude la disposition des piliers, il est possible, au vu des détails existants, d'envisager un plan intérieur : il devait y avoir cinq pilliers de chaque côté séparant la nef des bas-côtés. Des documents attestent l'édification de sépultures à l’intérieur de l’église, notamment celle des Le Laboureur de la fin du XVI^e siècle à la fin du XVII^e, puis celle de Nicolas Couêt en 1755. Près de l’église, existait un cimetière.

Sa maçonnerie de pierre meulière l’apparente aux constructions rurales de la région mais nous savons que son portail était du XII^e ou XIV^e siècle. Ce n’est qu'après la Révolution de 1789 qu'elle fut transformée en maison d’habitation.

Son aspect actuel de fausse ruine romane résulte des modifications importantes et de l'adjonction d’ornements de plâtre effectuées dans la seconde moitié du XIX^e siècle par ses propriétaires successifs.

La porte de style néogothique qui se trouvait à l'angle de la propriété, place au Pain, était représentative de ce goût romantique ; elle a été abattue voici dix ans environ.

Dans la rue au Pain, la petite maison jouxtant la chapelle date du XVII^e siècle, elle était la demeure du chapelain.

Avant la Révolution, l’église Notre-Dame, progressivement délaissée, ne servait plus guère au culte.

Dans la seconde quinzaine de juillet 1789, le corps de garde bourgeoise qui venait d’être créé, s’y installa. Elle devint salle de réunion, puis le siège du Conseil de Ville présidé par le citoyen Leturc. Elle servit de bureau de vote pour les premières élections de municipalités insti- tuées par décret royal qui eurent lieu les 24 et 15 janvier 1790. Vendue comme bien national, elle fut achetée en décembre 1792 par un maçon nommé Bazille, pour la somme de 3.050 livres.

L'église, désormais inoccupée, servit successivement d’entrepôt aux cloches et aux mausolées de bronze de l’église Saint-Martin avant leur acheminement vers la Fonderie Nationale, puis de grange, avant de revêtir l’aspect que nous lui connaissons à travers les documents photographiques de la fin du siècle dernier.

Cette évocation rapide laisse dans l’ombre bien des aspects archéologiques et historiques du bâtiment :

• Est-ce bien l'édifice primitif ?
• Qui a décidé de sa construction ?
• Existe-t-il un lien entre l'édifice actuel et l'église primitive ?
• Peut-on réhabiliter cette église ? Etc.

À ces questions, nous ne pouvons encore répondre, mais vous pouvez chercher à résoudre ces énigmes en vous joignant au groupe de recherches sur le centre ancien de Montmorency.

Alain Ferry

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