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Un incident à Montmorency sous la restauration

Les relations entre les habitants et les étrangers venus en partie de plaisir, ne sont pas toujours aussi cordiales que dans le récit de Stendhal, ainsi qu’en témoigne le rapport suivant, adressé en 1821 par le Procureur général au Ministre de l'Intérieur.

Parquet de la Cour Royale Paris, le 7 septembre 1821
Direction des Affaires criminelles
et des Grâces
1erbureau

Monsieur le Comte,

Par la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 20 août dernier, vous m'avez chargé de vous rendre compte d’une rixe qui a eu lieu le 8 juillet dernier à Enghien Montmorency.

Je me suis empressé de satisfaire à vos désirs et voici la substance de mes recherches.

Le dimanche 8 juillet, un assez grand nombre d'officiers du 6e régiment de la Garde, caserné à Saint-Denis, se rendaient en partie de plaisir dans les bois de Montmorency. Ils en revenaient vers les huit heures du soir, lorsqu'un jeu de mots assez innocent adressé d’abord peut-être sans attention, puis répété avec malice par un enfant de onze ans, à l’un des officiers, le lieutenant de Bourmont porta celui-ci à s’en venger par une correction qu’il allait administrer, lorsque attiré par les cris survint un habitant qui défendit en termes injurieux, de toucher au jeune homme. Des paroles on en vint respecfivement aux coups. D’autres habitants et d’autres officiers accoururent. Ces derniers voulurent, en vain, calmer l'irritation. On les maltraita grièvement. M. de Bourmont fut traîné par les cheveux, couvert de coups. Bientôt la querelle devint plus générale et les deux groupes ennemis plus nombreux. Les officiers se saisirent d’un habitant et allaient exercer sur lui des représailles, quand M. Bourmont ayant intercédé en sa faveur, il obtint sa liberté, dont il ne profita que pour porter un coup très violent à M. de Bourmont lui-même et prendre ensuite la fuite avec des camarades. Les officiers furieux les poursuivirent mais, arrêtés par une grêle de pierres, ils furent obligés de renoncer à la vengeance et ils vinrent porter leurs plaintes à l'adjoint du maire de la ville d'Enghien ; mais il parut que leur ton se ressentait tellement de la chaleur et de l'irritation qui les dominaïent, que ce fonctionnaire se crut autorisé à refuser de les entendre et à faire même un appel à ses administrés pour qu'ils l’aidassent à obtenir l’évacuation de son domicile gu’il crut violé. Il ne fut que trop entendu, en un instant les plaignants se virent repoussés violemment, et une nouvelle mêlée à coups de pieds et à coups de canne s’ensuivit entre eux et les assaillants.

Là finirent pourtant ces événements qui avaient mis la vie de plusieurs personnes en péril, et qui, pour se servir des termes du rapport militaire de M. xx, Major général de la Garde, auraient pu être prévenus si messieurs les officiers eussent agi avec plus de prudence et conservé plus de sang-froid.

D'autre part aussi, les excès des habitants étaient très graves et très coupables. Trois d’entre eux ont été traduits en police correctionnelle, l'un a été acquitté et les deux autres ont été condamnés à un mois d'emprisonnement. Ils subissent en ce moment leurs peines.

Je suis avec la plus haute considération.


Monsieur le Comte,
Votre très humble et très obéissant serviteur,
Pour Monsieur le Procureur général en congé,
Le premier avocat général
(illisible)

(Document BB 181076, extrait des Archives nationales) par B. Bocquillon

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