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Un roumain conseiller municipal à Montmorency

Gregory Ganesco

Grégory Ganesco, né en Valachie vers 1830, a fait carrière en France et s’est installé à Montmorency dont il sera, au début de la troisième République, conseiller municipal.

Il était, à son arrivée à Paris, fort pauvre, mais bien décidé à ne pas le rester longtemps. Dans ce Paris du Second Empire, capitale intellectuelle et financière de l'Europe, où il semble si facile de faire carrière tant les liens entre la politique, la presse et la finance sont étroits (l'exemple de Morny est patent), notre moderne Rastignac choisit la presse comme tremplin.

De tendance libérale, il entre en 1860, au « Courrier du Dimanche » hebdomadaire où écrivent les jeunes talents orléanistes et républicains hostiles à l’Empire. Devenu rédacteur en chef il met son journal, lors des élections législatives de 1863, à la disposition de l’« Union libérale » qui regroupe tous les opposants au régime ; mais cette attitude est peu appréciée du gouvernement et Persigny, après la publication d'un article de Prévost-Paradol (l’un des meilleurs journalistes de l'époque, dont l'ironie faisait mouche) supprime l'hebdomadaire et expulse Ganesco, cet étranger trop gênant.

Grégory Ganesco
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Réfugié outre-Rhin, Ganesco lance à Francfort un périodique de langue française : « L'Europe » qui, grâce à la collaboration d'écrivains connus tels Barbey D'Aurevilly, connaît un rapide succès. Ceci gêne les autorités prussiennes et Bismark, qui vient d’évincer l’Autriche grâce à la victoire de Sadowa et prépare la campagne diplomatique anti-française qui doit mener à la guerre de 1870, ne peut en effet tolérer cette influence française : il supprime « L'Europe » en 1867. Mais, à cette date, Ganesco est depuis longtemps rentré en France.

Le 17 mai 1865, Clément de Chaintre le présente aux lecteurs du « Courrier de Paris » : «&thisp;C’est une figure singulière que celle de M. Ganesco. À 20 ans à table d’hôte, il parlait de fonder des journaux au capital de 20 000 francs ; à 22 ans, il les fondait. 1] n’en a pas tout-à-fait 30, et c’est déjà un personnage. On l’a cru orléaniste, c’est une tête de la démocratie. Il a été pauvre et il ne s’en cachait pas, le voilà riche. Il a perché dans un hôtel meublé, il habite une villa dans le Bois de Boulogne. ».

Ganesco, en effet, a réussi son retour à Paris : il a obtenu sa naturalisation, a fait d'excellentes opérations financières, est devenu le directeur du « Nain Jaune » journal littéraire qu’il va transformer en journal politique. Il s'intéresse à la vie littéraire et artistique de Paris, y mène grande vie, mais séjourne aussi dans sa propriété du 7, rue de l’Ermitage à Montmorency.

De cette activité témoignent les articles qu'il a lui-même publiés dans le « Nain Jaune » : articles littéraires et culturels tout d’abord : en 1865, il échange avec Barbey d'Aurevilly des considérations sur les liens existant entre la politique et la littérature ; puis, en 1866, il fait la critique de « la Vie Parisienne » d'Offenbach. Montmorency lui fournit aussi matière à articles : c’est ainsi qu’il consacre trois numéros à l’Ermitage puis s’intéresse à Thérésa, chanteuse célèbre (1), qui est sa voisine à Montmorency puisqu'elle réside au 44, rue de Gréty. Mais, assez vite, Ganesco change de registre : il publie en novembre 1867 un article sur la liberté de presse, ce qui déclenche des poursuites contre le « Nain Jaune » mais incite Ganesco à récidiver : en 1868, il approfondit ses réflexions sur le métier de journaliste et dénonce les pratiques administratives concernant le choix des candidats aux élections, telles que : «l’arbitraire, la fantaisie, le népotisme qui président aussi à la confection de la liste officielle pour les candidatures que tel comité démocratique affiche un beau matin sur les murs de Paris ».

Mais l'empire est obligé d'évoluer. Les mesures libérales concernant les institutions et la presse prises après 1866, provoquent quelques ralliements parmi les opposants ; c’est ainsi qu'Émile Ollivier crée le Tiers Parti : initiative que salue Ganesco d’abord dans une brochure de 1867 « Hommes nouveaux et Tiers Parti, lettre à un homme d’État » puis dans un article du Nain Jaune, dans lequel il présente, en juillet 1868, Émile Ollivier comme « le libérateur de la France ».

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Cet exemple incite Ganesco à se lancer dans la politique. Habitant Montmorency, c’est en Seine-et-Oise qu’il est candidat. Ce changement d'attitude fait de lui l’une des cibles de l'opposition qui, au cours d’une campagne agitée, dénonce « l’équivoque Ganesco » mais ne parvient pas à empêcher son élection. 11 devient donc en 1868 Conseiller Général de Seine-et-Oise.

Enhardi par ce succès, ilse présente aux élections législatives de 1869 ; malgré sa prestance, les tournées généreusement offertes dans les cabarets et ses promesses (entre autres la création d’un puits artésien sur la place du Marché !) il n’est guère pris au sérieux. De nombreuses chansons satiriques, publiées notamment dans la presse locale, dénoncent son trop rapide enrichissement, dû aux emprunts tunisiens, et le déconsidérèrent. Il n’est donc pas élu, d’autant plus qu’il s’est présenté contre le candidat officiel de l’Empire. Situtation gênante que Ganesco tente de justifier, d’assez curieuse façon, dans deux lettres adressées à Napoléon III : ne prétend-il que c’est volontairement, et pour permettre la dispersion des voix des opposants entre le canditat libéral et lui-même, qu’il a présenté sa candidature, provoquant ainsi une élection triangulaire qui devait assurer le succès du candidat impérial. Le crut-on aux Tuileries ?

Mais l'Empire menacé a besoin de tous les concours ; c’est pourquoi Rouher confie en 1869 à Ganesco la direction d’un nouveau journal « Le Parlement » quotidien à dix centimes dont le but est de « réconcilier le régime et la liberté » mais surtout d’assurer la survie de l'Empire en lui gagnant une vaste clientèle populaire.

Ganesco soutient Napoléon III jusqu’au bout et s’engage personnellement lors du Plébiscite de mai 1870, ainsi qu’en fait foi la brochure (déposée à la B.N.) qu'il adresse alors aux électeurs des cantons de Corbeil, Étampes et Rambouiilet.

Après la chute de l'Emnire, malgré de sérieuses difficultés financières, Ganesco ne renonce ni au journalisme ni à ses activités électorales mais il lui faut changer, une nouvelle fois, d'orientation politique. Il travaille à « La Liberté » journal qu’il suit à Tours puis à Bordeaux où il fréquente l'entourage de M. Thiers ; il se présente aux élections législatives de 1871 maïs échoue de nouveau car la publication des lettres qu’il a adressées en 1869 à Napoléon III et qui ont été découvertes aux Tuileries, le dessert. Il continue néanmoins son activité de journaliste au « Républicain » (1872) puis aux « Tablettes d’un Spectateur » qu’il fonce un peu plus tard ; mais ses échecs politiques et ses difficultés financières le conduisent alors à séjourner beaucoup plus souvent à Montmorency, la vie y étant plus facile qu’à Paris.

C’est alors qu’il entre au Conseil municipal où il avait vainement espéré siéger, comme nous l’indique la correspondance qu’il échangea en 1869 avec le maire Rey De Foresta. Il y est fort assidu et rédige en 1875 à la demande du Conseil, un « Projet d'Enseignement Populaire » qui sera transmis à l'Inspection académique puis au ministère mais n’aura pas de suites.

Dans ce projet, Ganesco demande d’abord l’achat des deux maisons voisines de l’école existante, de façon à permettre l'agrandissement de l’école de garçons et la création d’une école de filles indé- pendante, l’unique école étant mixte, insalubre et trop petite ; mais il propose aussi l’organisation de « Cours pour adultes » et la création d’une Bibliothèque populaire *.

Le financement de cette «Association Philotechnique du Canton de Montmorency» serait assuré, contrairement aux travaux d’agrandissement de l’école qui relèvent du Budget municipal, par des dons que gérerait une Caisse des Écoles et Ganesco y souscrit pour 500 F.

C’est donc au niveau local que se manifeste l’action politique de Ganesco car, une nouvelle tentative lors des élections légis!atives de 1876 ne réussit pas mieux que les précédentes. Elle nous a cependant valu, sous le nom de Timophile, ce portrait publié par Bernadille dans « Le Français » du 7 septembre 1876 :

Hélas, l'accident survint : le typhus emporta Ganesco le 7 avril 1877, sans qu'il ait pu réaliser ses ambitions. ‘

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Alfred Edwards

Venu à Paris où les fortunes s’édifiaient rapidement (mais non durablement) dans ce climat d'argent facile et de concussions qui fut celui des travaux d’'Haussmann, ce « Valaque un peu trop souple pour être honnête » (au dire d’un contemporain) utilisa la puissance de la presse pour arriver au pouvoir politique et financier, mais sa fortune fut brève et son rêve échoua.

Tout autre sera le destin du journaliste qui, à la fin du siècle, habitera lui aussi au 7 rue de l’Ermitage : Alfred Edwards.

Journaliste, millionnaire, amateur de jeunes et jolies femmes, Alfred Ed wards fut, durant une sontaine d'années, une des personnalités en vue de la presse et du « Tout Paris » de la Belle Époque.

Qui était-il ? Il semble bien avoir cherché à masquer ce que fut sa vie avant son arrivée en France car les renseignements concernant sa jeunesse sont peu précis : né à Constantinople (était-ce en 1846 ou 1856 ?) d’un père fort riche (était-ce un anglais comme il le prétendra ou bien un commer- çant levantin qui sc faisait appeler Edwards ?) et d’une mère française, c’est à Paris, en 1875, que nous le découvrons.

Il tente alors sa chance dans le journalisme, d’abord attiré par la presse de droite fortement nationaliste, il débute comme rédacteur au « Figaro » en 1876, passe au Gaulois en 1879 devient en 1881, secrétaire de rédaction au « Clairon » et collabore à la France. Mais les nouveautés l’attirant, il crée en 1882, avec l’aide de financiers américains, un quotidien original : « Le Matin ».

Voulant imiter la presse anglo-saxonne, ce journal qui utilise de nouveaux procédés d'impression et jouit d’un système d'informations fort rapide, ne présente, dans une mise en page très aérée, que de très courtes informations mais offre une très longue chronique politique confiée chaque jour à un rédacteur différent : Paul de Cassagnac, Jules Vallès ou Emmanuel Arène (2). Son modernisme et la diversité des opinions qui s’y expriment, assurent le succès du au « Matin » : en 1887 son tirage atteint 33 000 exemplaires. Ce sera le maximum ; car Edwards, rédacteur en chef et actionnaire, oriente « le Matin » vers l’exploitation des affaires politiques : il orchestre, par exemple, la campagne contre le Crédit Foncier en 1890 et perd, de ce fait, des lecteurs ; dès 1892, le journal est déficitaire. Comme il est, en outre, compromis dans le scandale de Panama (il a touché plus de 200 000 F pour lui-même et son journal), il renonce, en 1895, à diriger « Le Matin » puis le vend deux ans plus tard ; mais il ne quitte pas pour autant le journalisme.

Disposant de la fortune paternelle, il tente d’implanter en France le quotidien illustré , nouveauté anglo-saxonne ; c’est ainsi qu’il commandite « Le Petit Bleu de Paris » lancé par les deux fils de Jules Simon, mais devant le peu de succès remporté par cette initiative, il abandonne et cherche autre chose.

Il est alors marié (pour la troisième fois) à l’une des filles du professeur Charcot et est, de ce fait, devenu le beau-frère de Waldeck Rousseau. Quand celui-ci, devenu Président du Conseil en 1899, offre le ministère du Commerce à Millerand, ce qui provoque une crise au sein du socialisme français, Edwards, en très mauvais termes avec son beau-frère, se lance dans la bataille.

Grâce à ses millions, il crée le 2 septembre 1900, « Le Petit Sou » « journal d'Union socialiste et d'informations rapides » qu’il met à la disposition des socialistes hostiles à la participation d’un des leurs à un ministère « bourgeois ».

« Le Petit Sou » sert donc indirectement de brûlot contre le ministère, Guesde, Vaillant, Viviani y attaquent journellement et violemment « La Petite République » autre journal socialiste dans lequel Jaurès et Briand défendent Millerand. Règlement de comptes entre socialistes ? Certes, mais affaire avant tout familiale pour Edwards : l'intérêt porté au socialisme par ce milli Le Soir ».

MLLe Lanthelme
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Journaliste redoutable, chevalier de la Légion d'honneur, riche et célèbre, Edwards, en ce début du XX° siècle est une des personnalités en vue du Tout Paris. Amateur de jolies femmes, il fréquente assidument le monde du théâtre où sont nombreuses les jeunes comédiennes qu’attirent sa notoriété et sa fortune. C’est ainsi qu’il protège puis épouse en 1909 la célèbre Mlle Lanthelme.

Qui est donc la cinquième Madame Edwards ?

Mathilde fossey, née à Paris en 1833 a décidé de devenir comédienne après avoir vu Sarah Bernhardt interpréter le rôle de l’Aiglon ; elle a alors suivi les cours de Féraudy au Conservatoire et a débuté en 1902 dans une pièce d’Abel Hermant « l’Archiduc Paul » sous le nom de Ginette Lanthelme, ceci pour ménager les susceptibilités de sa famille.

Vite célèbre pour sa beauté, « La Petite Lanthelme » considérée aussi comme une comédienne d’avenir, devient rapidement la reine du Boulevard et du Tout Paris, comme en témoigne ce portrait tracé par Pickles dans le journal « Fantasio » : «Mlle Lanthelme est pour le moment, l'actrice de Paris la plus à la mode, la plus fêtée, la plus photographiée… la plus encombrée à l'heure du courrier de déclarations sentimentales».

Devenue : « Notre Ginette nationale », elle inspire les caricaturistes (voir les croquis de Sem dans « l’Illustration ») et se produit sur les plus illustres scènes du Boulevard : à l’Odéon, aux Capucines, à la Renaissance où elle interprète en janvier 1911 « le Vieil homme » de Porto-Riche.

Mariée à edwards, riche, fêtée et adulée, rien ne semble lui manquer : elle est de toutes les manifestations parisiennes, lance la mode et reçoit dans de fastueuses réceptions les personnalités de la Presse et du Théâtre. Nombreux sont alors les visiteurs qui viennent, en été, à Montmorency, dans la résidence de ce couple si parisien. Réceptions et visites s’y succèdent ; mais elles s’interrompent vite : Mlle Lanthelme en effet, se noie en juillet 1911, dans le Rhin qu’elle remontait à bord de son yacht, en compagnie de son mari. Cette disparition en pleine gloire suscite une réelle émotion ; mais très vite, les mystérieuses circonstances de sa mort alimentent les rumeurs. L'hypothèse d’un meurtre, dû à la présence d’un autre homme dans la vie de cette jeune et jolie femme qui avait vingt-sept ans de moins que son mari (lequel, jaloux, l’aurait assassinée) est émise, entre autres, par Léon Daudet. La justice ne retient pas l’hypothèse et n’inquiète pas Edwards qui, d’ailleurs, se console vite : une jeune pensionnaire de la Comédie Française devient sa compagne et le reste jusqu’à sa mort, le 10 mars 1914.

Le « Château » de Ganesco et d'Edwards est alors vendu. La vie y est plus calme, elle le restera jusqu’à sa location, en 1949, à la Croix Rouge Française qui, ô Mânes de Boieldieu, le transformera alors en aérium.

11 disparaîtra en 1975 pour laisser place aux deux immeubles de l’actuelle résidence de la Châtaigneraie.

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Au numéro 3

Au 3 rue de l’Ermitage, le docteur Philippe Ricord (1800-1889), célèbre chirurgien formé dans le service du professeur Dupuytren, spécialiste des maladies vénériennes et Prix Montyon en 1842, avait coutume de passer l’été dans sa propriété du 3, rue de l’Ermitage. Quand elle fut vendue en 1890, après sa mort, cette propriété était constituée, outre la maison du maître, d’une petite maison de jardinier, d'écuries, d’un vaste jardin et d’une orangerie.

Actuellement, les deux maisons subsistent et sont habitées, les écuries ont été transformées en garage tandis que le jardin et l’orangerie situés de l’autre côté de la rue sont à l'abandon.

C’est la « maison de maître » qui nous intéresse, Elle fut, en effet, louée en 1939 à Ernest Lafont (1879-1946), député et ancien ministre qui prit sa retraite à Montmorency. Docteur en droit, diplômé de l'École des Sciences politiques, avocat à la Cour d’Appel de Paris, député de 1914 à 1936, ministre dans le gouvernement de Laval en juin 1935, cet homme politique résume assez bien l’histoire d’une partie de la gauche française et de son évolution entre les deux guerres.

Maire de Firminy, commune d’ouvriers et de mineurs située à douze kilomètres de Saint-Étienne, puis conseiller général, il est élu, en 1914, député socialiste de la Loire. Réélu en 1919, Ernest Lafont doit, lors du Congrès de Tours (décembre 1920) choisir entre la IIe et la IIIe Internationales, c’est-à-dire, en ce qui concerne la vie politique française, entre sa fidélité à la S.F.I.O. et l'adhésion au P.C.F. qui se crée alors. Ayant choisi le nouveau parti, il est présent en décembre 1921, au premier Congrès du P.C.F. à Marseille, mais les « 21 conditions » imposées aux communistes français par les Bolcheviks provoquent, dès 1923, de nombreux départs volontaires ou non ; c’est ainsi qu'Ernest Lafont, redevenu membre de la S.F.1.0. et réélu en 1924 sous cette étiquette, appartient à la majorité dite « Cartel des Gauches » qui gouverne de 1924 à 1926. Membre de nombreuses commissions, il intervient souvent à la Chambre, notamment à propos des problèmes sociaux.

Choisi en 1928 pour représenter la deuxième circonscription des Hautes-Alpes, il en sera député jusqu’en 1936. Personnalité en vue, membre du Comité central de la Ligue des Droits de l'Homme, membre du Conseil général de la Ligue de l'Enseignement, il est choisi pour être le rapporteur général de la Commission d'Enquête chargée en 1934 de rechercher les responsabilités politiques et administratives de l'affaire Stravinsky.

Mais cet « homme de gauche » si typique accepte, « pour lutter contre la crise et travailler au redressement financier », de devenir en juin 1935, ministre de la Santé du gouvernement LAVAL. Cette évolution « droitière » n’est guère appréciée à la S.F.I.O. qui l’exclut et présente contre lui un candidat aux élections de 1936.

Battu, Ernest Lafont abandonne alors la vie politique, s’installe à Montmorency en 1939 et y vit tranquillement jusqu’à sa mort en mai 1946.

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Annexe

Élections DE 1869
Profession de foi de
G. GANESCO, Candidat du peuple.

Mon cher concitoyen,

Si nous avions eu plus de temps pour nous donner mutuellement toutes les explications indispensables ;

S'il n'existait pas des journaux payés pour me calomnier, et pour colporter à travers les communes, aux frais de mes ennemis, le mensonge et les injures ;

Si, enfin, mes adversaires avaient eu le courage et la loyauté de porter aux-mêmes en public, devant moi (afin que je pusse les réduire à néant), les calomnies et les outrages que leurs agents sèment chaque jour contre moi ;

Une profession de fui écrite eût été superfue.

Je suis de cette génération nouvelle qui s’est préparée par de solides études à l'exercice de la vie publique ;

Étranger au passé, à ses haines et à ses désastres je suis e ceux qui entrevoient pour la patrie un avenir tout nouveau ;

De ceux qni ont étudié la politique comme une science el la pratiqueront comme une religion ;

De ceux qui ont revendiqué les libertés publiques, alors que tel de mes adversaires se contentait d’émarger, comme fonctionnaire, au budget, et tel autre de vivre satisfait et consolé de léclipse de la liberté.

C'est nous aujourd'hui qui essuyons les outrages des ignorants et les insultes des satisfaits de la veille ! — La conscience publique jugera entre eux et nous.

Qu'ai-je été ?

Jeune encore, j'ai, dans le journalisme voué ma vie à la cause du progrès et de la liberté, à la cause dn peuple; j'ai fondé et rédigé le Courrier du Dimanche, dont la carrière orageuse précéda, de l'aveu de tous, le réveil de l'esprit public en France.

J'ai rédigé ensuite le journal l'Eunope, qui éludia pendant deux ans toutes les questions internationales intéressant la France et l'avenir de l'Europe.

Que suis-je?

Homme mûr, que dis-je? vieilli par le travail et de cruelles épreuves, je me suis présenté devant les électeurs du canton de Montmorency, où je réside depuis quinze ans, et leur ai demandé de donner à mes longues études, à mes luttes et à mes souffrances pour la liberté, à mon inébranlable dévouement à la cause du travailleur, la consécration du suffrage universel.

J'ai été élu successivement :

Conseiller général ;

Président de la Société: la MUTUALITÉ DES TRAVAILLEURS.

Les hebitants du canton de Montmorency me connaissent: ils savent comment je sais accomplir mon devoir. Je défie qu'on trouve uu seul de mes concitoyens, un seul travailleur qui se soit inutilement adressé à moi.

Que serai-ie?

Si vous me faites l'honneur de me nommer votre député, je vous prouverai par mes discours et mes votes que je ne donnerai mon concours qu'à ce qui sera utile à la France, et que je serai toujours et énergiquement opposé à tout ce qui pourrait être contraire à la liberté, aux intérêts du peupie et à la grandeur de la patrie.

Je m'appliquerai à dégager non pas les vaines affirmations de paix, dont les gouvernements les plus batailleurs sont les plus prodigues, mais les conditions sur lesquelles la paix doit se baser pour ètre sérieuse et durable.

Comme conséquence naturelle de la paix et de la sécurité, je réclamerai la réduction de l'armée et celle du contingent annuel de 100,000 hommes.

Comme conséquence immédiate de la réduction dn budget de la guerre et des gros traitements, je réclamerai la réalisalion de la promesse de l'Empereur, à savoir le degrèvement des charges et des impôts qui écrasent le travailleur et l'élan de la prospérité publique.

J'amènerai à l’ordre du jour l'élude d’un nouveau système d'impôts.

En regard des vices et des inégalités du système d'impôts actuel, j'espère démontrer la justice et les mérites du système de l'impôt unique et progressif, c'est-à-dire d’un impôt d'après lequel le coffre-fort égoïste ou indifférent à la chose publique, contribuera à nos charges ; où le riche paiera en conséquence de sa fotlune ; descendant ainsi l'échelle logique, on arrive à l'homme ayant le malheur de ne posséder rien — celui-là ne paiera rien.

L'impôt unique et progressif non-seulement m’ôtera rien au ressources de l'État, mais s’inspirant du principe de la justice et de l'égalité, il complétera l’œuvre de nos lois; — elles ont amené la réconciliation légale des diverses classes de la société, — il amènera la réconciliation des âmes.

Je demanderai pour le peuple l’instruetion gratuile et obligalcire;

Je demanderai la séparation de l'Église et de l'Élat et, comme indispensable corollaire, le rappel de notre corps expéditionnaire. de Rome.

Je demanderai l'abolition du monopole du tabac, et la liberté pour tous de le cultiver:

Je demanderai, dans l'intérêl du travailleur, une modification des droits qui grèvent les vins.

Je réclamerai pour les communes le droit de nommner leurs maires et leurs adjoints.

Je demanderai que les députés de la nation servent gratuilement la nation.

Je réclamerai enfin, comme condition de la réalisation d'un pareil progrumme, comme garantie de prospérité et de grandeur pour le pays, de stabilité pour le gouvernement, — l'ordre et la liberté, toutes Les libertés : la liberté de la presse, la liberté de réunion, libertés fondamentales, qui, avec le suffrage universel, constituent le gouvernement du pays par le pays lui-même.

Voilà, Mon cher Concitoyen, quel est le programme du Candidat du Peuple.

Ce titre; on a en voulu faire un sarcasme, je l'accepte comme un honneur,

Aucune classe de la société, comprenant ses véritables intérêts, n'aura à redire à mon programme.

Il a pour base la justice pour tous.

Et s’il apporte la sécurité aux classes aisées, il apporte à la classe des travailleurs l’amélioration du présent et le salut de l'avenir,

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