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« Le Renouveau » de Montmorency

Introduction

Nous avons parlé dans le précédent numéro de notre revue de l'accueil fait à Montmorency aux exilés polonais du siècle dernier. C'est à de nouveaux exilés que nous consacrerons ce dossier. Il contera l'histoire du Renouveau de Montmorency. Cet établissement est intéressant à plusieurs titres. D'abord par les méthodes pédagogiques qui y furent pratiquées et qui connurent un succès et un retentissement national. Ensuite par la personnalité de la fondatrice Mme François-Unger qui est passée directement de la Résistance à la direction de cet établissement. Enfin par l'espèce de complicité qui s'est établi entre la ville et le Renouveau.

Après l'exposé de Mme François-Unger, M. Soin, que beaucoup de Montmorencéens connaissent pour ses qualités de pédagogue et d'historien de la ville, apportera l'éclairage « de l'extérieur » sur ce qu'était le Renouveau à ses débuts. M. Soin a d'ailleurs largement participé lui-même au succès de l'expérience. À une époque où l'on pense encore pouvoir se faire élire en ressuscitant des phantasmes racistes, il ne nous a pas semblé inutile de verser à ce dossier des poésies écrites par les jeunes pensionnaires.

A. D.

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Les débuts

L'histoire du Renouveau, depuis la naissance de ce centre d'éducation, se confond avec celle de Montmorency. Les premiers enfants rassemblés dans ce centre viennent de toute la France. Ils reviennent aussi de très loin : ils ont échappé, grâce à une chaîne de solidarité qui passe par notre ville, au sort de leurs familles, disparues dans les camps de la mort. Une centaine d'orphelins de guerre, dont les plus jeunes ont cinq ans, les plus âgés dix-sept ans, sont d'abord installés, en juin 1945, après plusieurs années de vie clandestine, dans une vaste propriété, rue de Groslay. En raison même du malheur qui les a frappés, il paraît indispensable à l'équipe d'éducateurs rassemblés par le psychologue Henri Wallon (1), de ne pas créer un système éducatif en vase clos et d'ouvrir largement les portes de la vie sur Montmorency. Sans la coopération de l'environnement montmorencéen, l'expérience pédagogique tentée par la directrice du Renouveau, Mme François-Unger n'aurait pu aboutir : les blessures morales ne pouvaient être guéries que par la participation intense des enfants aux activités du monde local. La compréhension active des maires successifs de la ville (MM. Dupont, Pointard, Noachqovitch), la collaboration permanente des chefs d'établissement, de M. Pierre Soin, directeur du Cours complétaire et de M. E. Dardel, proviseur au lycée Jean-Jacques Rousseau.

Ces enfants et adolescents, dont la scolarité avait été bouleversée pendant plusieurs années par la guerre et la clandestinité, trouvent leur place sur les bancs des écoles et la réussite scolaire les aide à retrouver le chemin de la vie. Un petit événement a valeur de symbole : un pupille du Renouveau, reçu premier du canton au b.e.p.c. se voit offrir par le Cercle laïque de Montmorency un voyage en Tunisie. La ville et le Renouveau ont pris l'habitude de travailler ensemble et les orphelins se sentent chez eux dans la vieille cité, dont la tradition d'accueil aux Polonais, aux Arméniens, aux Russes est un des plus beaux fleurons.

L'amitié entre le centre et la cité est resserrée par la musique. Le Renouveau accorde au chant et à la danse une grande place dans son expérience et comme l'établissement est un milieu ouvert, ce n'est pas par hasard que parmi les Montmorencéens qui viennent essayer le piano de la salle de musique, on trouve un jeune garçon, Jacques Charpentier(2) au départ de sa carrière. Sous l'impulsion d'un chef d'orchestre passionné, Léo Unger et d'une grande danseuse, Nina Taka-Nova, la troupe du Renouveau se produit aux fêtes organisées par Montmorency, comme celles du Cercle laïque. La chorale de l'établissement, qui associe le folklore français aux chants du monde entier, est classée meilleure chorale de Seine-et-Oise et les enfants travaillent fièvreusement à l'élaboration d'un spectacle total : leur opéra La fille étrange(3). La salle des fêtes de l'Hôtel-de-Ville va ainsi devenir comme l'école, un lieu familier à ces garçons et filles adoptés par Montmorency et intégrés à la société montmorencéenne avant leur entrée dans la vie. Quand les derniers orphelins quittent l'établissement, ils laissent derrière eux une tradition dont profiteront les « cas sociaux » qui les remplacent progressivement. Le Renouveau - installé depuis 1946 au 1, avenue Marchand &mdash était devenu entre temps un morceau de Montmorency et participait à sa gloire. L'un de ses « anciens » André Schwartz-Bart, entre de plain-pied, dans la littérature mondiale avec « Le dernier des Justes, prix Goncourt 1959(4). I] témoignait de l'attachement à la vie d'une génération durement frappée.

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Les nouveaux pensionnaires du Renouveau

La nouvelle clientèle de l'établissement, devenu lui aussi célèbre vient souvent de très loin : à côté d'adolescents en difficulté, placés par la d.a.s.s., on y trouve, à partir des années cinquante, des Voltaïques, des Vietnamiens. D'autres guerres ont laissé leurs séquelles. Cette internationalisation du Renouveau correspond à sa vocation profonde : l'Opéra des enfants « La fille étrange », était un appel à la tolérance et à la reconnaissance de la différence. La Haute-Volta, quant à elle, longtemps présente dans l'établissement, lui apporte ses vertus propres, la gaité, la religion du travail. Ce pays, le plus pauvre d'Afrique, a le goût du sport. Le football sera un nouveau trait d'union entre le Renouveau et la ville. Plus austères, les Vietnamiens s'associent eux aussi au travail et aux loisirs, actifs du Renouveau. L'un d'entre eux, Nguyen Thien Dao(5), va faire ses premiers pas de musicien dans l'établissement, avant de devenir, sous la férule de Messiaen, l'un des maîtres de la musique sérielle.

En 1985, le Renouveau fêtera quarante années de présence active à Montmorency. Plusieurs centaines d'enfants ont vécu dans ses murs ct hors de ses murs, ils ont rencontré l'amitié sans Jaquelle rien n'aurait été possible.

Claude François-Unger

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Notes d'André Duchesne

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