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Charles-Francois-Frédéric
Maréchal-Duc de Montmorency-Luxembourg
1702-1764

"Protecteur et ami de Jean-Jacques Rousseau.".
"De quel Montmorency s'agit-il ?

N'est-il pus curieux quand on parle de Jean-Jacques Rousseau et de ses protecteurs, lors de son séjour sur notre Colline, qu'il soit si souvent question de son illustre voisin : le Maréchal de Montmorency-Luxembourg, dont les titres de noblesse sont issus d'une toute autre seigneurie bien moins connue de nos concitoyens que celle de notre bonne ville.

Il nous a donc semblé qu'une mise au point, si sommaire soit-elle, devait être faite en s'appuyant sur l'immense généalogie de cette illustre famille, comportant plusieurs dizaines de lignées.

Tout Le monde sait que la plus grande d'entre elles s'est éteinte à la mort du Duc Henri II de Montmorency, décapité à Toulouse, au Capitole, le 30 octobre 1632, sur ordre de Richelieu avec l'agrément du Roi Louis XIII.

Le jeune Henri >II bien que marié, élait encore sans progéniture, et ne fut d'ailleurs pas dans la famille Ja seule victime du célèbre Cardinal.

En effet, cinq années plus tôt, le 21 juin 1627, était aussi décapité François de Montmorency-Boutteville qui avoit osé se battre en duel, par défi, sous les fenêtres du Palais-cardinal, notre actuel Palais-Royal,

Il était de la lignée des Montmorency-Fosseux, issue en premières noces de Jean II de Montmorency (1402-1475) et de Louise de Fosseux ; alors que Guillaume de Montmorency, son demi-frère, le père de notre Grand Connétable Anne, était fils des secondes noces, avec Marguerite d'Orgemont.

Parmi les trois enfants de ce François de Montworency-Boutteville naquit un fils : François-Henri, qui eut la bonne fortune d'épouser le 17 mars 1661 : Madeleine-Charlotte de Clermont, Duchesse de Luxembourg et de Piney, alors qu'à cetie époque il était légitime d'apporter à son époux, non seulement sa fortune, mais sssss ses titres de noblesse, dont il pouvait se parer légalement.

C'est ainsi que François-Henri, étant donné ses hautes vertus militaires, put être promu Maréchal de Luxembourg, et qu'il eut par surcroît deux surnoms : le «Grand Maréchal» d'abord, et celui plus pittoresque de «Tapissier de Notre-Dame», tant il prit de drapeaux à l'ennemi, exposés ensuite dans notre Cathédrale parisienne.

Il eut quand même le temps de donner cinq enfants à son épouse, et c'est le troisième qui va maintenant retenir notre attention.

Il s'agit de Chrétien-Louis, dont voici les titres : Due de Piney-Luxembourg, Prince de Tingry et de Beuufort-Montmorency. Il naquit le 22 février 1661.

Si son père était connu de tous — nous l'avons dit — sous le nom de Maréchal de Luxembourg, le fils en question, par contre, le fut sous celui de Maréchal de Montmorency.

Il est à préciser toutefois un nouveau point bien curieux, quant à tous ces titres, lorsque l'on continue à suivre la généalogie de cette lignée. En effet, si Chrétien-Louis fut le Maréchal de Montmorency, l'un de ses fils : Charles-François-Frédéric de Montmorency-Luxembourg (1702-1764), promu à son tour Maréchal, fut appelé Maréchal de Montmorency-Luxembourg ; les deux noms cette fois, ainsi reliés.

C'est lui qui fut notre hôte illustre au Château de notre Montmorency, dont il ne possédait que l'usufruit, ses terres el ses biens étant en Champagne, dons un village s'appelant aussi Montmorency.

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Étant ainsi des nôtres, en Parisis, il put voisiner avec Jean-Jacques Rousseau, et devenir non seulement son protecteur mais aussi son ami: les deux ayant l'un pour l'auire une amitié vraiment touchante et affectueuse.

Voilà donc nos trois Maréchaux, de père en fils, ayant les mêmes titres de noblesse, et le même titre militaire, avec chacun un nom, si voisin qu'il soit, ne pennettant pas avec le recul du temps de les confondre.

Mais faisons maintenant un peu de géographie. Il suffit d'ouvrir un atlas pour voir où sont les deux villes : Piney et Luxembourg, Lorsque l'on quitte la première, située à vingt kilomètres à l'est de Troyes, pour aller vers la seconde, n'esl-on pas surpris, de nos jours, après avoir dépassé Brienne-le-Château que le jeune Bonaparte rendit si célèbre, de voir, sur le côté de la route départementale numéro 6, le panneau des Ponts-et-Chaussées indiquant «Montmorency», juste avant d'entrer dans ce charmant petit village ?

Si toutefois on consulte le Code postal national actuel, concernant le Département de l'Aube, on doit lire : «Montmorency-Beaufort », nom beaucoup trop long pour des plaques indicatrices routières.

Alors comment tout cela s'est-il passé au XVIIe siècle ? Autrement dit, quelles ont été les Lettres-patentes royales concrétisant tous ces changements de noms et de titres, pouvant à première vue paraître bien compliquées ?

Les choses sont beuucoup plus simples que l'on ne pourrait le supposer. C'est le 11 octobre 1689 que Chrétien-Louis, Duc de Piney-Luxembonug, Prince de Tingry et de Beaufort-Montmorency, ce petit-fils du décapité du Palais-Cardinal, fut autorisé par Louis XIV à changer son titre de Duc de Beaufort en celui de Duc de Montmorency, beaucoup plus glorieux. C'est ainsi qu'il put être Maréchal de Montmorency,

Le mois suivant, par une autre Lettre-patente royale, vérifiée par le Parlement de Paris, quelques semaines après, le 2 janvier 1690, Le Roi autorisa le Prince Henri-Jules de Bourbon-Condé, fils du Grand-Condé, à prendre le titre de Duc d'Enghien.

Précisons toutefois que de père en fils ils possédaient déjà tous les biens des Montmorency de la Grande Lignée, confisqués en 1632 ; ainsi que les titres dont ils ne se paraient jamais, du fait du sang royal qu'ils tenaient des Bourbons.

Ainsi, pour parler clair, les Condé auxquels furent donnés par Louis XIV toutes les terres et biens du Duché de notre Montmorency tout proche de Paris, sans parler de beaucoup d'kmautres plus lointains, et qu'ils conservèrent jusqu'en 1830, l'année du drame de Saint-Leu, nos trois Maréchaux, père, fils et petit-fils de la Branche des Montmorency-Boutteville, n'avaient que le nom de ce petit village rural si joli, qu'est Montmorency champenois, avec les biens correspondants.

Ch. Rowe

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