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Éditorial

Réserver l'ensemble de notre livraison annuelle de 1989, à la Révolution Française, n'est pas faire montre d'une originalité folle, nous en sommes tout à fait conscients. D'autant plus que, autant le dire tout de suite, il ne s'est pas passé d'événement mémorable à Montmorency dans ces années agitées. Nous avions à décrire une sorte d'histoire en creux, une suite d'échos aux événements parisiens. Les historiens locaux qui nous ont précédés ont été, sans doute, sensibles à ce manque. Ils ont essayé de faire entrer notre petite histoire dans la grande ! Mais malheureusement sans apporter les preuves qui nous auraient permis de les suivre dans leurs récits. Il en est ainsi de l'anecdote célèbre qui faisait venir Robespierre à Montmorency à la veille de Thermidor pour se recueillir sur les pas de Rousseau. Il aurait même, dans notre ville, rédigé la liste des «guillotinables», liste dont l'annonce a provoqué sa chute à la Convention. Les preuves, hélas, font totalement défaut et l'emploi du temps visiblement très serré de l'Incorruptible dans ces moments de fièvre ne lui a pas permis un aller-retour sur la capitale. Et les guillotinés de la place du marché où sont les minutes de leur procès ? La conjoncture nous laissant plus de temps qu'au tribunal révolutionnaire, nous ne trancherons pas (!) et nous continuons les recherches.

Si nous pouvions reprendre le titre de l'ouvrage de Maurice Agulhon, nous pourrions intituler notre numéro spécial «La République au village». Nous avons essayé d'en suivre, sans prétention d'exhaustivité, les grandes péripéties, la rédaction des Cahiers, la fabrication du salpètre, le rôle des femmes, les fêtes, etc... Nous envisageons, d'ailleurs de compléter ce présent numéro par des articles sur le même sujet dans nos prochaines publications.

Nous avions la sensation, en rédigeant ces articles, de nous trouver dans la position de Fabrice de «La Charteuse» à la bataille de Waterloo. Nous voyions bien les effets de la canonnade tirée à partir de Paris mais sans voir le départ des coups. Le passage du corps de Rousseau dans notre ville en est un exemple. De plus, notre source principale d'informations locales étant le registre des délibérations du conseil municipal, dûment passé au crible par Mme Rabasse, un grand absent observe un silence si grand, qu'il en devient assourdissant, c'est le peuple de Montmorency. Que pensait-il ? Que disait-il ? Nous n'en saurons sans doute jamais rien. Aucune gravure, aucune correspondance, aucun souvenir écrit ne nous a permis d'éclairer ces points et, sauf découvertes inespérées, ne le permettra sans doute jamais. Nous avons donc envoyé des coups de projecteurs sur des points particuliers en laissant aux lecteurs le soin de faire une synthèse, quitte à laisser son imagination faire les liens nécessaires.

En fait, ce manque de relief particulier illustre la lecture des ouvrages de François Furet. La Révolution a commencé, à Montmorency comme ailleurs, bien avant 1789. Elle se continuera pendant tout le XIXe siècle, qui sera, pour notre ville, le siècle de la grande mutation. Les Montmorencéens furent certainement plus touchés par la révolution industrielle et par l'introduction des transports ferroviaires que par la Révolution sociale et politique de 1789. Très rapidement se succédèrent alors l'abandon de la vigne, la multiplication des lotissements pour la construction de riches habitations, le développement d'activités de loisirs, centrées autour de la forêt... Mais n'anticipons pas, cela fera aussi partie de nos prochaines études.

Et Rousseau dans tout cela ? Peut-on parler de Révolution sans essayer d'y raccrocher notre gloire locale, le «Contrat social» a bien été écrit dans notre ville ! Certes la tentation est grande de lier à notre terroir l'élaboration de la grande œuvre politique du temps. Mais peut-on affirmer sans sourire qu'elle n'aurait pu être écrite ailleurs et que son écriture doit tout à l'air de notre colline et à la consommation de nos célèbres cerises ! Restons modestes et ne tombons pas dans le travers classique de l'historien local.

Voici donc notre humble contribution à un bi-centenaire qui trouvera, sans doute, ailleurs de plus grandes illustrations. Nous avons, toutefois, le sentiment d'être restés fidèles à notre vocation qui est et reste de faire connaître Montmorency.

André Duchesne

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