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Les Seigneurs de Montmorency et la Révolution

Quand débute la révolution, le seigneur de Montmorency-Anguien (1), le Prince de Condé est, avec sa famille, parmi les premiers à émigrer. Il n’aura donc plus aucune influence sur les événements qui surviendront dans la ville libérée de sa tutelle mais jouera, par contre, un rôle international puisque «l’armée de Condé» qui regroupera les émigrés, deviendra le symbole de la Contre-Révolution.

Quant aux membres de la famille des Montmorency, certains, issus de branches cadettes, sont présents plus ou moins longtemps sur la scène politique. Annes Charles Sigismond de Montmorency-Luxembourg descendant du maréchal protecteur de Jean Jacques Rousseau, n’a plus aucun lien avec notre cité car son château est alors la propriété de la Duchesse de Lorge, mais, au plan national, son rôle quoique bref, fut réel.

Colonel du régiment de Hainaut, membre de la Grande Loge de France, le Duc de Montmorency-Luxembourg est depuis 1787 partisan des réformes... très limitées. Représentant des nobles poitevins aux États Généraux, c’est lui qui, le 12 juin, préside l’Assemblée de l’ordre de la noblesse et, à ce titre, supplie mais en vain le Roi d’interdire la réunion des trois ordres et le vote en commun.

Regrettant les concessions royales et pressentant les dangers à venir, il émigre dès le 15 juillet et meurt en 1803 au Portugal sans avoir revu son pays.

Le Comte Mathieu Jean Félicité de Montmorency appartient, lui, à la branche des Montmorency-Laval. Né en 1767 dans une famille de fidèles serviteurs de la monarchie (son père le Duc de Laval est premier gentilhomme de Monsieur, frère du Roi (2), il est, comme beaucoup de jeunes nobles, très influencé par «les événements d'Amérique» et membre du petit groupe qui, autour de Lafayette, s’enthousiasme pour la liberté. Avec ses amis Noaiïlles et Larochefoucauld, il représente la noblesse libérale aux États Généraux.

Séjournant au château d’Ormesson, dans une commune du canton de Montmorency, ce grand seigneur aura quelque influence au plan local, car les autorités souhaitent tirer profit de ce prestigieux voisinage. Comment en effet, ne pas demander à ce Montmorency, membre de l’Assemblée Nationale, d'appuyer la requête adressée à la Constituante en juillet 1790 par les citoyens d’Anguien désireux de recouvrer le nom de Montmorency ? (3). Comment encore résister à l’envie de voir ce grand seigneur donner de l'éclat aux fêtes locales, lui à qui a été offert le poste de Colonel de la Garde Nationale du Canton. «Le 17 septembre 1791... le conseil municipal arrête... qu'il se rendra en corps à l'inauguration du monument champêtre à élever à Jean Jacques Rousseau... que la garde nationale de cette ville ainsi que les municipalités et gardes du canton seront invités à assister à cette cérémonie ; qu'il sera écrit à M. de Montmorency député à l’Assemblée Nationale et Colonel de la Garde Nationale de cette ville pour lui témoigner la satisfaction que les citoyens de cette ville auraient qu'il assiste à cette cérémonie à la tête de la garde nationale...» (4).

Mais le courant révolutionnaire se renforce ; le grand seigneur libéral de 1789, encore influent en 1791, n’est plus considéré comme tel en 1792 et devient bientôt suspect. Dès la chute de la monarchie (août 92) Mathieu Montmorency (sic) s’installe à Ormesson et devenu un «ex-noble», se voit obligé de demander un certificat de résidence.

Mathieu, Comte de Montmorency.
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Ce certificat est-il indispensable ? Oui en cette période de la Convention, mais c’est aussi le rideau de fumée qui, les autorités rassurées, lui donne la possibilité d'organiser plus facilement son départ car, très vite il gagne la Suisse et rejoint à Coppet le cercle de Mme de Staël. Il n’y restera que peu de temps car nous le retrouvons à Ormesson dès 1797. Il consacre alors son temps à la littérature, au milieu du cercle d’amis et d’écrivains qu’il a constitué.

Sous l’Empire la politique reprend ses droits, et dès 1810, il est l’un des animateurs des Chevaliers de la Foi, une société secrète royaliste qui conspire et prépare le retour des Bourbons. Il est présent à Compiègne en 1814 pour accueillir Louis XVIII à son arrivée en France mais très vite, il reproche au Roi son laxisme et devient l’un des chefs du parti ultra (5).

Ministre des Affaires Etrangères, il accorde, lors du Congrès de Verone, à la Sainte Alliance (6) l'expédition contre-révolutionnaire qu’elle réclame contre les libéraux espagnols, mais doit démissionner pour avoir outre-passé les ordres du roi.

Homme politique de premier plan, Pair de France, il est aussi membre de l’Académie Française et voit ses rêves se réaliser lors de l’avénement de Charles X le Roi ultra (1824). La politique qu'il a tant désirée va enfin devenir réalité et c’est un homme satisfait qui meurt en 1826, juste avant que les outrances des ultras ne provoquent la chute du Roi.

Jacqueline Rabasse

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Certificat de résidence de Mathieu de Montmorency."
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«Nous, maire, officiers municipaux, Procureur de la commune, notables de la commune, de la ville de Montmorency, chef-lieu de canton du district de Gonesse, département de Seine et Oise.

Sur la demande qui nous a été faite par le citoyen Mathieu Jean Félicité Montmorency âgé de 25 ans, taille 5 pieds 5 pauces, cheveux et sourcils blonds, visage long, yeux bleus, bouche moyenne, front haut ; certifions sur l'attestation des citoyens Louis Émeri, Pierre Nicolas Tillet, François Rivière et Nicolas Tuleu cultivateurs, tous domiciliés en la commune de Deuil, une des paroisses de ce canton, Albert Bernard Rieder, Jean Charles Nicolas Bazille, Jean Baptiste Bazille, Jacques Robert Pillieux, tous domiciliés à Montmorency, que le citoyen dénommé ci-dessus est domicilié à Ormesson, hameau dépendant de la paroisse de Deuil depuis le mois de juillet dernier jusqu'à ce jour sans interruption.

En foi de quoi, nous avons délivré le présent certificat qui a été donné en présence du certifié et des 8 citoyens certifiants, lesquels suivant l'affirmation qu'ils en ont faite devant nous, ne sont à notre connaissance : parents, alliés, fermiers, domestiques, créanciers, débiteurs ni agents dudit certifié et ont lesdits certifié et certifiants signé avec nous... le 4 février 1793, l'an 2 de la République.

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Notes

(1) Anguien ou Enghien :nom officiel de Montmorency en 1789.

(2) 11 s'agit du Comte de Provence, le futur Louis XVIII.

(3) Archives municipales 20 juillet 1 790

(4) Archives municipales

(5) Les Ultras sont les partisans de la monarchie absolue et trouvent Louis XVII trop «révolutionnaire».

(6) La Sainte Alliance est une alliance conclue en 1815 entre la Russie, la Prusse, l'Autriche et le Royaume-Uni pour écraser en Europe, tout mouvement libéral et à fortiori révolutionnaire.

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