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Les Oratoriens et l'église de Montmorency sous la Révolution

Les Oratoriens, à l’origine, petite communauté de prêtres séculiers, fondée à Rome en 1558, par Philippe de Néri, dont les membres ne prononçaient pas de vœux monastiques, fut érigée en congrégation en 1575, et leur constitution approuvée par le Pape Paul V en 1612.

L’Oratoire de France fondé en 1611 par Pierre de Bérulle, dont le protocole s’inspirait de celui de la congrégation italienne, fut approuvé par Paul V en 1614.

Les buts primordiaux de cette congrégation étaient la formation du clergé, et les missions d’évangélisation auprès des paroissiens des villes et des campagnes.

Sollicités en 1617 ee Henri de Montmorency, un certain nombre d’Oratoriens vinrent s’installer à la Collégiale St Martin de Montmorency.

Le contrat de fondation conclu entre le Duc Henri de Montmorency et le R.P. de Bérulle, Supérieur de l’Oratoire, comporte entre autres clauses celle de maintenir à l’avenir la permanence des Oratoriens à la cure de Montmorency. Le Duc de Montmorency se réservant le droit de remplacer les religieux qui viendraient à s’écarter de la règle et celui de conférer les prébendes. Le Père Brice, l’un des premiers compagnons de Pierre de Bérulle, fut nommé supérieur à Montmorency. La Maison prit rapidement de l’extension grâce à ses revenus, devenus au fil des ans très substantiels. A l’établissemnt primitif s’adjoignirent diverses acquisitions de terres et de maisons environnantes.

Et en 1617 un petit séminaire transfuge de celui de St Magloire à Paris fonctionna.

Si le séminaire d’Aubervilliers avait été choisi en 1652 pour être surtout un centre missionnaire, le séminaire oratorien de Montmorency, s’occupa plus particulièrement de l'éducation et de la formation des futurs ecclésiastiques et contribua efficacement par ses revenus au fonctionnement de ces deux bases solides des Oratoriens dans le milieu rural du diocèse de Paris.

Après des transformations successives, le séminaire de Montmorency atteignit son apogée en 1735. À cette époque, il disposait d’un grand bâtiment de quatre étages dont 100 pièces habitables, plus les dépendances, celliers et caves.

La Révolution survenant, tous les ecclésiastiques durent faire un choix dont ils ne pouvaient alors mesurer toutes les conséquences.

Les Pères et religieux en fonction à la Maison de l’Oratoire de Montmorency, prétèrent tous serment à la Constitution Civile du Clergé, ce furent :

Devant la précarité de l’avenir des ordres et congrégations de religieux, le Supérieur envoya une députation à la séance de l’Assemblée Nationale du 10 juillet 1790, sollicitant le maintien de son ordre comme se consacrant particulièrement à l'éducation des jeunes. Leur discours où l’emphase n’était pas exclue, se terminait ainsi : «Depuis longtemps nous étions jaloux de consacrer l'époque de la Liberté Françoise par les preuves les moins équivoques de notre zèle. Il existe entre nos mains un dépôt sacré, l'éducation si chère à nos cœurs, des Enfants de l'État. La plus douce satisfaction que nous puissions recevoir c'est, Messieurs, que vous ne nous jugiez pas indignes de servir la Patrie, en ne cessant pas de nous livrer à des fonctions si importantes et qui nous honorent».

Mais malgré le discours ému et reconnaissant du président de l’Assemblée Nationale au nom de beaucoup de ses collègues ayant bénéficié de l’éducation des collèges oratoriens, le «Plan d’Éducation présenté à l’Assemblée Nationale au nom des instituteurs publics de l’Oratoire» par Claude Pierre François DAUNOU, ne valut pas cependant le maintien de la congrégation comme éducatrice.

Ce plan était cependant-rempli de projets ambitieux tels que : Tous les Français sauront lire, écrire, calculer. Ensuite graduellement pour les plus doués des éléments d’agriculture et du commerce, ceux de la géographie et de l’histoire naturelle etc... Les études proposées dans des écoles de médecine, de théologie, de jurisprudence, les belles lettres ne seront offerts gratuitement qu’à un petit nombre de «talens» peu fortunés.

Il était prévu de rassembler chaque jeudi les garçons des quatre premières classes. au chef lieu de district pour un exercice militaire auquel présideront les maîtres avec un officier de la garde nationale.

L'éducation des filles, que la constitution de l’État n’appelle pas à l’exercice public, était limitée aux. deux premières classes où les arts domestiques convenables à leur sexe leur étaient leur étaient également enseignés. On note même que si la gratuité est accordée pour les garçons des deux premières classes, les filles n’y avaient droit que si leur famille était imposée en dessous de la valeur locale de 10 journées de travail.

L'éducation de l'héritier du Trône était aussi prévue dans ce plan. L'éducation et la pratique religieuse y avaient également leur place.

À la levée, le 15 avril 1792, des scellés apposés sur la Maison des Oratoriens à Montmorency, on constata qu’elle commençait à se dégrader faute d’occupant, la ville alors tenta de la récupérer à la fin de 1792.

Dans le registre des délibérations du conseil municipal, on lit à la date du 22 décembre «que sur la proposition d'un membre du coñseil relative à l'établissement d'une maison d'éducation dans celle des ci-devants Oratoriens, distraction faite d'une partie pour servir de presbytère, il est demandé de tenir ces lieux propres et ensuite il sera rédigé une pétition».

Le 26 décembre il fut arrêté devant la population réunie que la pétition serait rédigée par les citoyens Robert, Florent, Laporte et Carré en quatre exemplaires envoyés à la Convention Nationale, au département , au district et le dernier sera conservé aux archives.

En conséquent, il était décidé de surseoir à la vente des meubles, et à l’enlèvement de la bibliothèque et du cabinet de physique.

Mais la Convention ne donna pas son approbation à ce projet.

Les biens des oratoriens : 4 maisons avec jardins, bois, terres, vignes furent mis en vente en 1792 et 1793 et adjugés pour la somme globale de 120 000 livres. La riche bibliothèque fut dispersée à Versailles à Pontoise et au Panthéon où le Père Cotte la retrouvera.

Par la suite la grande maison fut mise en vente, mais trop importante, ne trouvait pas d’acquéreur. Le maire J.J. Laporte l’acheta, mais les fonds lui manquant, les bâtiments furent démolis et on vendit les matériaux ; seul subsista le réfectoire acquis par Sébastien Bridault.

Le Père Cotte, célèbre par ses travaux scientifiques portant principalement sur la météorologie et l’hydrologie, vint à la Maison des Ofatoriens de Montmorency achever ses études. Il prononça ses vœux en 1758 âgé de 18 ans, et envoyé à Juilly comme préfet des études, il revint ensuite en 1766 comme professeur de philosophie et de théologie.

Sa nomination à la cure de Montmorency, d’abord comme vicaire en 1767, puis comme Curé en 1769 lui permit de s’adonner à sa passion des sciences. Il installa un petit laboratoire sur la terrasse de la maison de l’Oratoire. Il fut élu correspondant à l’académie des sciences en 1769 et membre en 1804. Nommé Supérieur des Oratoriens de Montmorency, il adressa deux ans plus tard à la société royale de médecine un mémoire sur, la topographie médicale considéré à l’époque comme un modèle du genre. Puis il abandonna Montmorency, pour un court séjour à Paris et retourna dans sa ville natale Laon.

Le Père Brodier le remplaça à la cure de 1782 à 1791, il refusa de prêter serment à la constitution civile du clergé le 21 janvier 1792 et dut quitter la paroisse le jour même.

Le Père Cotte revenu à Montmorency à la Révolution, prêta serment et fut élu à l’unanimité par les habitants «en raison de la connaissance de ses talens, de ses vertus et de son patriotisme». En butte aux persécutions de révolutionnaires trop zélés, il ne put exercer en paix son ministère. Il assista impuissant à la mutilation de son église et le culte fut même suspendu. Le 3 ventose an II, il remit ses lettres de prêtrise à la municipalité, pria le conseil de le décharger de la garde de l’église et demanda un certificat de civisme.

Après son mariage avec Melle Antoinette Marotte du Coudray en 1795, il put conti-nuer ses travaux et rentra en possession de son observatoire de Montmorency.

Il fut du nombre des savants subventionnés par la Convention et reçut 3 000 livres comme astronome. Daunou, ancien Oratorien de Montmorency, alors conservateur à la bibliothèque Ste Geneviève, l’appela auprès de lui comme bibliothécaire, il y resta 4 ans.

En 1802 il revint à Montmorency où il mourut en 1815.

Après le départ du Père Cotte et de son vicaire Martin Bruneau, Je curé constitutionnel François Esnoult leur succéda le 3 juin 1795.

Le citoyen Baudoin fut autorisé à se servir du Temple (ci-devant Église) pour rendre grâce à l’'Etre Suprême, pour chanter un Te deum en l’honneur des victoires de la République.

Mais les richesses accumulées depuis des siècles dans l’Église ont été détruites ou dispersées pendant l’époque révolutionnaire. Dès le 18 décembre 1791 une commission est nommée pour inspecter les lieux et rédige un rapport concluant à la «suppression nécessaire de toutes les marques de féodalité» : bancs seigneuriaux, banc de la justice, la ceinture funèbre (litre), des croix canoniales au nombre de 12, de l’entourage de cuivre (baldaquin) autour du maître autel et de lutrin en cuivre également.

À la requête de la municipalité, le tribunal de Gonesse, le 28 décembre, rend un avis favorable à la «suppression des marques de féodalité». Le 18 mars 1792, le Sieur Leturc est déclaré adjudicataire pour 50 livres des deux bancs réservés aux Condé, et de la chaire des Oratoriens.

En exécution de la loi du 14 août 1792, concernant les monuments de bronze dans les villes et les campagnes, le 16 août 1792, le conseil municipal chargea les sieurs Leturc, Laporte et Mascrey de porter à l’Assemblée Nationale une pétition «tendant à ce que la municipalité de Montmorency soit autorisée à faire fondre les bronzes et cuivres de l'église pour former deux canons qui serviront à la défense du canton». Accueillie avec enthousiasme par la Législative, l’autorisation leur fut donnée, et le pouvoir exécutif se chargea de la fonte et de fournir deux affuts.

En octobre 1792, le procureur lit deux lettres concernant la vente des biens de fabriques, et l'autre concernant le transport au district des matières d’or et d’ argent employées au culte. Mais sur la question relative au dépôt et à la fonte des huit cloches, les habitants nettement hostiles protestèrent, on décida alors de garder provisoirement les quatre grosses et de consacrer le prix de vente des bronzes et autres «mausolées inutiles» au rachat des quatre petites cloches.

Heureusement «les mausolées inutiles» ne furent pas détruits en 1792 et c’est seulement le 13 avril 1793 que des charrois de l'artillerie se présentent pour transporter les œuvres d’art en bronze à la fonderie de Chaillot.

L'architecte Alexandre Lenoir récupéra des fragments provenant des destructions faites à la Collégiale à partir de 1793, et après plusieurs tentatives sans résultat auprès de la municipalité, celle-ci par lettre ministérielle du 30 décembre 1798, fut invitée à laisser enlever le tombeau d'Anne de Montmorency, ainsi que quatre magnifiques colonnes de marbre vert antique qui venaient enrichir les collections du musée du Louvre.

Simone HERVO (d’après J.Ponsin) Revue des Communes.

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