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La Garde Nationale à Montmorency

Le 13 juillet 1789, les électeurs de la ville de Paris décidèrent de former une milice bourgeoise pour rétablir l’ordre dans la ville où les désordres et les pillages se multipliaient.

Le 15 juillet 1789, La Fayette fut élu Commandant en Chef de cette unité qu’il nomma garde nationale. Chaque ville de province voulut alors avoir sa propre garde nationale.

«L'organisation de la garde est prévue par un règlement naïf et draconien à la fois, où les problèmes suivants sont traités» (1). Selon la loi du 14 octobre 1791 «tous les hommes mariés et garçons âgés de 18 ans sans distinction de qualité, les maladies ou infirmités reconnues seulement exemptant de la garde».

La garde est composée de 48 hommes, répartis en 6 pelotons ; une garde de nuit est prévue. En ce qui concerne la discipline : «il est défendu de jurer contre qui que ce soit, faire aucune menace et employer aucune voie de fait».

De plus, il est prévu que «si quelqu'un de la garde bourgeoise est trouvé soit en patrouille, soit en faction avec une fille ou une femme, il sera emprisonné pendant 24 heures».

Le pouvoir de la garde est important : «toute la police provisoire appartiendra à messieurs les officiers municipaux».

Le 28 juillet 1789, en raison de la disette, Leturc procureur au bailliage est délégué auprès du maire de Paris Bailly et des officiers de la ville, afin de faire venir des vivres à Anguien-Montmorency «soit de grains, soit en farine, attendu qu'il n'y a pas à Anguien de quoi vivre pendant quatre jours».

Tandis que l’angoisse grandit, la police du marché est renforcée, un arrêté sur les prix des grains est pris sous forme de règlement, des errants sont arrêtés et des commerçants fraudeurs poursuivis.

Le 7 juin 1790, il est décidé d’armer la garde.

La disette est la raison de nombreux délits divers consignés dans le registre des décrets de 1790 et 1791. La majorité de ces délits concerne la présence illicite de bovins et d’ovins sur certains terrains ; ces affaires ont été présentées au greffe.

Le 25 février 1791, 2 vaches sans propriétaire sont ramenées par les gardes nationaux qui effectueront le 16 juin la saisie de 185 moutons de Domont, le pâtre s'étant enfui à la vue des gardes.

Le 29 juin se déroule une rixe entre différents particuliers de cette ville et plusieurs marchands étrangers dans la maison du Sieur Meunier aubergiste (...) «un témoin ayant aperçu un tumulte considérable dans la maison dudit Meunier, il a requis un détachement de la garde à l'effet de se transporter avec lui dans la dite maison et y rétablir le calme».

En été, les saisies d’animaux reprennent ; le 18 août et le 18 septembre : 2 vaches et 1 âne ; le 14 octobre : 2 vaches à la châtaigneraie. Ce même jour, les gardes nationaux effectuent la saisie de châtaignes volées.

Mais l’affaire la plus importante semble celle qui s’est déroulée le 20 septembre. Un troupeau de moutons avec les chiens de garde pénètre dans une vigne, le propriétaire est naturellement mécontent et le pâtre ne veut pas s’en aller.

«Le déposant (Louis Bellant membre de la garde du territoire s'etam approché de lui et lui ayam présenté que les dits chiens pouvoient causés beaucoup de tort dans les dittes vignes, il lui a répondu quil resteroit là tant qu'il voudroit et qu'il ne se retiroit pas, il alloit lui donner un coup de bâton à travers le visage, le déposant s'étam saisi d'un bâton, ledit Durant l'a frappé d'un coup de poing sur la tête».

Heureusement, la venue de la garde nationale et des frères déposant ont tôt fait de calmer le pâtre qui s’en alla en maugréant.

Mais un tel événement n’est pas unique. En effet, dans la nuit du 19 au 20 octobre «Le nommé Jacques Robert Leduc (...) est venu à la porte du comparant (Laforge, Officier Municipal) armé d'un pistolet ainsi qu'il est en état de le prouver par les témoins que ce particulier la menacé de le tuer en (...) blasphémant le nom de Dieu d'une voix assez forte (...). Personne ne lui ayant répondu, ledit Leduc s'est retiré en conti. nuant ses invectives et ses menaces».

Le registre des décrets nous permet de découvrir les noms des gardes municipaux de Montmorency, mais aussi et surtout leurs attributions.

Ainsi : Joseph Chartier, Pierre Eau, Noël Bruneau et Henri Bellant gardes messieurs du territoire de cette ville (...) faisant leur ronde ordinaire pour le devoir de leur charge accompagnés de Cosme Laurent, Louis Forget, Pierre Graisi, Ignace Libelmann, Louis Bellant et Jean Midi».

«Louis Rossignol et Lucien Bertou, tous deux citoyens de la ville de Montmorency étant de patrouille pour la garde des agriculteurs».

«Jacques Meunier et François Gesesdon, citoyens de cette ville, tous deux de patrouille pour la garde des champs et pour la conservation de la recette à faire sur le territoire».

On apprend aussi par le recensement de 1791 que le colonel de la garde nationale est Henri Glain âgé de 70 ans. Ce grade lui a été attribué à titre honorifique.

Le 3 juillet 1792, il a été fait lecture d’une lettre de Monsieur le syndic de district concernant le serment fédératif des gardes nationales du canton.

Nota : il s’agit en 1792 de renouveler le serment fédératif. Les gardes nationaux prêtent serment «sur l'autel de la patrie de combattre les ennemis de la révolution, de maintenir les droits de l'homme et du citoyen, de soutenir la nouvelle constitution et de prendre au premier signal de danger pour cri de ralliement : vivre libre ou mourir».

Les événements se précipitent et le même jour, vu les circonstances, il est décidé de procéder à l’organisation de la garde nationale. Le dimanche suivant, la municipalité de concert avec M. Laporte procèdera à la nomination des: officiers des compagnies de la garde nationale.

Le 9 juillet sur la proposition de MM. Laporte et Lemaire notables adjoints pour l’organisation de la garde nationale, il est convenu de distribuer leur élection en 6 fuseaux.

La section de Notre Dame formant une compagnie est organisée par M. BAZILLE, maire.

La section des Gallerands par M. Laforge officier municipal et M. Mazeray notable à l’école des garçons.

La section de la Butte Jonvelle par M. Leturc notable en la salle correctionnelle et officier suppléant municipal.

La section du Marché par M. Leblond officier municipal et Forget adjoint.

La section Saint-Jacques par M. Levasseur officier municipal et: André Viez et Denis notables au bureau des conciliations.

La section des Mathurins par M. Bellant officier municipal et Laporte notable dans la bibliothèque des Mathurins.

Le 17 juillet, à la suite d’une évasion des prisons de la ville, la garde nationale assure la garde des prisons en attendant la venue de la gendarmerie.

Pendant toute cette époque, la garde nationale occupera une place importante procédant à des arrestations, faisant respecter les lois ; délivrant des certificats de civisme.

Elle fait aussi respecter la discipline en son sein puisque le 3 germinal (24 mars 1793) les officiers prennent des mesures contre des gardes nationaux n'ayant pas effectué leur garde.

Gaël Trehin

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Notes

(1) Dictionnaire de la Révolution Française Cahier des décrets - article de M. Bocquillon

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