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Qui était Madeleine de Savoie ?
1506–1586

C'est le jeudi 10 janvier 1527 qu'Anne de Montmorency, Grand Maître de France, épouse Madeleine de Savoie. Nous sommes à Saint Germain en Laye, où tout n'est que fêtes, banquets et tournois. Quelques jours plus tôt ont été célébrées les noces de Marguerite, la sœur du Roi, avec le roi de Navarre: Henri d'Albret ; et, ce même jour, le grand amiral Chabot de Brion, ami d'enfance de François 1er, convole lui aussi : il épouse Françoise de Longwy. Madeleine de Savoie, mariée d'à peine 21 ans (elle est née en 1506) a reçu de sa mère, Anne de Lascaris, comtesse de Tende, une dot de 50 000 livres ; son père, le Grand Bâtard de Savoie, mort deux ans auparavant des blessures reçues à Pavie, lui a légué d'illustres relations familiales : elle est, en effet, la cousine du roi.

Son grand-père paternel, Philippe de Bresse, (1438–1497) eut une vie très mouvementée et sentimentalement agitée : il eut de ses deux mariages cinq enfants et de ses deux liaisons quatre autres, illégitimes ceux-là. C'est ainsi que de sa belle maîtresse, Libera Portmaria, naît à Carignan en 1473, René, le Grand Bâtard de Savoie, tandis que peu de temps après, sa première femme donne naissance à une fille : Louise de Savoie.

Or, Louise de Savoie sera la mère de François 1er et René, son frère naturel, sera le père de Madeleine de Savoie, c'est pourquoi, après son mariage, Anne de Montmorency sera toujours appelé «mon neveu» par la mère du Roi.

Notons que parmi ses ancêtres, la jeune mariée compte quelques fortes personnalités : tel Amédée Vih, qui fut l'anti-pape Félix V ; ses oncles (les enfants légitimes de Philippe de Bresse), les deux ducs de Savoie : Philibert II le Beau (1480) qui épousera Marguerite d'Autriche et Charles le Bon (1486 - 1553) qui épousera Béatrice du Portugal, et Philippe de Nemours (1490 - 1553) marié à Charlotte d'Orléans, autre cousine de François 1er.

Parmi ses tantes mentionnons : Philiberte qui a épousé Julien de Médicis, frère du pape Léon X ; Antoinette, femme de Jean de Grimaldi, Prince de Monaco et Claudine qui deviendra abbesse de Maubuisson.

Quand Philippe de Bresse, cadet de la Maison de Savoie, devient, à cinquante huit ans, duc, par extinction de la branche aînée, il songe à transmettre le duché à son fils aîné : René mais celui-ci est un bâtard. Il va donc tenter d'ébtenir sa légitimation de la complaisance de l'empereur Maximilien d'Autriche. En vain et, lors de son décès, en novembre 1497, c'est son fils légitime qui lui succède et devient le duc Philibert II. Les relations entre les deux frères sont bonnes ; le nouveau duc reconnaît son aîné comme Prince de la Maison de Savoie, lui donne par lettres patentes datées de Saint Jean de Maurienne, pour apanage, le comté de Villars et les seigneuries d'Apremont et de Gorands; il me nomme aussi gouverneur de Nice.

C'est alors, le 28 janvier 1501 que René épouse en l'église Sainte-Marie de Tende, Anne Lascaris, (1487 - 1554), âgée de 13 ans, qui deviendra comtesse de Tende à la mort de son père Jean-Antoine de Grimaldi. De cette union naftront cinq enfants dont Madeleine de Savoie sera l'aînée.

Mais, cette même année le duc Philibert le Beau, va épouser au prieuré bénédictin de Romainmotier, Marguerite d'Autriche (1480 - 1530) et tout va changer. Venue par Dijon où elle a été acclamée, puis par Dôle où René, le Grand Bâtard l'a épousée par procuration, Marguerite d'Autriche, après un premier mariage raté avec Don Juan, Prince des Asturies, est follement éprise de ce second mari. Or, que constatet-elle ? que son époux, Philibert le Beau, n'est épris que de cheval et de chasse ; qu'il a abandonné à son frère René, devenu lieutenant des Etats de Savoie, une partie notable de la gestion des affaires ; que René a une personnalité rayonnante, qu'il est intellectuellement supérieur à son frère et très francophile.

Marguerite, dont la haine envers la France est immense depuis la rupture de ses fiançailles par Charles VII qui, pour des raisons stratégiques, a préféré épouser Anne de Bretagne, trouve ce bâtard dangereux. Elle va donc reprocher à son père Maximilien d'être favorable à sa légitimation si bien que l'empereur revient sur sa décision.

Elle va enfin entrer en lutte ouverte contre sa belle-soeur Anne Lascaris : chacune des deux femmes entraînant son mari, c'est la rupture entre les frères. Tout est fait pour arracher à René ses possessions, se les partager.

Le 10 septembre 1504, à Pont-Ain, Philibert II décède d'un refroidissement contracté à la chasse ; Marguerite, effondrée, va tenter de se consoler en faisant ériger le célèbre ensemble de Brou, reprenant à son compte le vœu de sa belle-mère Marguerite de Bourbon.

Sa haine contre la France et son beau-frère n'a pas disparu, tant s'en faut, et René, se sentant menacé, va se réfugier à la Cour de France près de sa soeur Louise de Savoie ; il séjournera ensuite à Villeneuve-Loubet, Vence ou Antibes dont il est le co-seigneur.

Madeleine de Savoie.
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C'est ainsi que Madeleine de Savoie fut nourrie et instruite auprès de Louise de Savoie et devint, aux dires de Brantôme, «une des sages et vertueuses dames qu'on eut sû voir». Anne de Lascaris, sa mère, fait également des séjours à la Cour, et l'on note qu'à Amboise, lors du baptême du dauphin François, en 1518, elle porte la traîne de brocart de Louise de Savoie. Madeleine remplissait les fonctions de dame d'honneur de la Reine, mais en gardant dans son maintien et sa façon de se vêtir, «la vieille mode française». Cette austérité s'accompagnait d'une profonde piété qui ne pouvait que convenir à son mari. Plus tard, à Chantilly, elle organisera collations et promenades mais n'admettra ni bals, ni comédies, ni mascarades.

Très bonne épouse, elle donnera à son mari cinq garçons et sept filles. En 1528 naît Eléonore, filleule de la reine Eléonore, seconde femme de François 1er. Mariée à François de la Tour d'Auvergne, elle décédera en mettant au monde un fils qui, après la mort de son père tué à la bataille de Saint Quentin, sera élevé à Chantilly par Madeleine. Cet enfant sera l'aïeul de Turenne.

En 1529, naît une autre fille Anne qui sera abbesse de la trinité de Caen. François, le fils aîné, naît en 1530 : il sera maréchal de France.

Jeanne, née en 1531, est suivie l'année suivante de Catherine.

En 1534 arrive le second fils Henri, il sera le filleul d'Henri II, fera carrière sous le nom de Damville, sera le père du dernier duc de Montmorency (Henri qui sera décapité à Toulouse en 1632), et aura pour petit-fils le Grand Condé.

Madeleine de Savoie donnera encore au Connétable trois filles : Louise, Madeleine et Marie et trois fils: Charles (Méru), Gabriel (Montbéron), qui sera tué lors de la bataille de Dreux, et Guillaume (Thoré).

Les années passent, le 12 novembre 1567 le Connétable, malgré le soins d'Ambroise Paré, décède des suites des blessures reçues à la bataille de Saint Denis. Madeleine fit ériger, dans la collégiale de Montmorency, un remarquable monument funéraire et obtint de Charles IX l'autorisation de déposer dans l'église du couvent des Célestins de Paris, le coeur du Connétable auprès de celui d'Henri II auquel l'avait lié une profonde amitié.

Madeleine de Savoie devait maintenir dans sa famille des règles de morale sévère, mais elle fréquentait aussi la cour des Valois où l'appelaient ses fonctions: elle avait été en 1571, Première Dame d'Honneur, lors du couronnement et du sacre d'Elizabeth d'Autriche qui venait d'épouser Charles IX. Elle mourut en 1586.

Paul Blimer

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Généalogie de Madeleine de Savoie.
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