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Montmorency pendant la seconde guerre mondiale

Les autorités locales

Quand éclate la guerre, en septembre 1939, la ville est administrée par le conseil municipal élu en 1935. Trois listes s'étaient alors affrontées : celle du maire sortant, Raymond Perquel, comprenait des représentants des principaux secteurs d'activité de la ville : commerce, artisanat, petite industrie, auxquels s'étaient joints des membres de professions libérales : médecins ou avocat comme Me Perquel.

À cette «liste républicaine des intérêts communaux» constituée d'un noyau de radicaux complété par quelques non-inscrits, s'était opposée une «liste antifasciste d'action républicaine laïque et sociale» qui représentait le front commun que venaient de constituer la S.F.I.O. et le P.C.F. Tout annonçait un duel Centre-Gauche mais, une troisième liste plus à droite, la «liste d'union républicaine démocratique et nationale» était venue perturber l'élection en provoquant la dispersion des voix. Résultat : contrairement à tous les pronostics, personne ne fut élu au premier tour. Par contre, au second tour, la liste Perquel emporta tous les sièges.

En septembre 1939, ces 27 conseillers élus sur la même liste, constituent, sous la direction du maire et des 4 adjoints qui, eux, exercent leurs responsabilités depuis 1929, une équipe homogène et rôdée, de tendance «Centre gauche». C'est elle qui va devoir faire face aux problèmes posés par la guerre puis la défaite.

Bien qu'en nombre restreint, (certains conseillers sont mobilisés) le Conseil gère au mieux la ville ; mais aux questions habituelles (budget, voirie, écoles etc.) sont venues s'ajouter des préoccupations nouvelles : il faut organiser les secours aux familles des mobilisés restées sans ressources, puis récupérer le maximum de ferrailles : c'est ainsi que sont enlevés les 2 canons qui étaient placés près du Monument aux Morts ; enfin, en mai 1940, pour instituer les cartes de rationnement, un recensement de la population doit être effectué...

Ce calme apparent prend fin brutalement en juin et juillet 1940. La ville est alors désertée par une partie de sa population ainsi que par l'administration des Postes qui, pour convoyer ses archives et ses valeurs, réquisitionne une des camionnettes de l'entreprise Feutrel qu'elle abandonnera à Montereau (le problème de l'indemnisation sera évoqué au Conseil en Mars 1941). Les militaires aussi vont partir, mais avant d'abandonner le Fort, ils en font sauter une partie et l'explosion est si violente qu'une habitation est détruite (1).

Tous les montmorencéens n'ont pas voulu ou pu partir et, très vite, tout transport ayant disparu, la plupart des commerçants étant fermés, le ravitaillement n'est plus assuré. C'est la municipalité qui prend sur elle de réquisitionner en juin, juillet et août, les produits d'épicerie, le vin et le tabac nécessaires, marchandises dont le remboursement ne sera effectué qu'en 1944, après que deux des commerçants lésés aient porté l'affaire en justice.

Enfin réuni le 3 août, le conseil constate les difficultés que connaît une partie de la population (pénurie alimentaire, chômage, car toute l'activité économique est arrêtée etc...) et prend des mesures d'urgence dont notamment l'organisation des soupes populaires organisées à la cantine scolaire 2 fois par jour pour les enfants, les vieillards et les malades dans le besoin.

Puis, le conseil, ayant noté que le maire, Me Perquel est (en tant que juif) «mis en congé illimité» par le préfet de Seine et Oise, en application des directives de Vichy, approuve les adjoints qui, par solidarité, démissionnent. Le conseil, dans l'impossibilité d'assumer ses fonctions, est suspendu par le préfet. Et voilà donc Montmorency sans autorité légale. Mais, cette situation ne pouvant se prolonger, dès septembre, l'administration de la ville est confiée par le Préfet, à une Délégation Spéciale et provisoire composée de 5 membres : 3 anciens élus représentant la volonté exprimée par les électeurs en 1935 et assurant ainsi la continuité avec l'équipe démissionnaire : MM. Grillot, Avronsart (anciens adjoints) et Basset et 2 retraités Mrs Laurent et Perrochat, nommés pour les aider «dans la tâche aride qui les attendait»(2).

La fonction de maire est confiée, toujours à titre provisoire, au maire d'Enghien Mr Patenôtre-Desnoyers, qui prend ainsi notre ville sous sa tutelle. Résoudre au mieux des problèmes de plus en plus nombreux et de plus en plus difficiles, telle est la tâche qui incombe en effet à la délégation qui commence par prendre, en faveur du bas-Montmorency (qui compte alors 3500 habitants sur un total de 10500) 2 mesures spécifiques : l'agrandissement de l'école des Loges et la création à la mairie annexe d'un bureau d'état civil. Est-ce à cause des difficultés de transport que cette mesure est prise ? C'est possible car il est alors question de supprimer l'autobus assurant la liaison entre la place des cerisiers et la gare d'Enghien. Projet contre lequel la délégation proteste énergiquement, soulignant que l'autobus, équipé d'un gazogène, ne consomme pas d'essence et que les 750 personnes qui l'utilisent chaque jour sont des travailleurs se rendant pour la plupart à Paris.

D'autre mesures sont prises pour donner aux services municipaux des chances de fonctionner correctement : l'incorporation dans le corps des sapeurs pompiers locaux des cantonniers titulaires valides, de façon à pouvoir les rassembler rapidement en cas de besoin. Il est également l'enlèvement des ordures ménagères et de verser «une indemnité de bicyclette» aux appariteurs.

Telle est la situation au printemps 1941 quand entrent en application les mesures prévues par Vichy dans sa «loi du 16.X1.1940 portant réorganisation des corps municipaux» Elles vont, à Montmorency, se traduire par la fin de ce régime provisoire et l'installation d'un maire puis d'un conseil nommés.

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Un nouveau maire : Me Jean Dupond

Un nouveau maire, nommé le 15.5.1941 par le ministre de l'Intérieur est installé le 31 par M. Patrenôtre-Desnoyers qui lui cède sa place. Il s'agit de Me Roger Dupont, notaire à Montmorency. Trois questions se posent :.

Roger Dupond
Jean Dupond

Pourquoi a-t-il été choisi ?

Nous n'avons aucune certitude sur les raisons de cette nomination mais de simples hypothèses avancées par lui-même et par sa famille. Il a, semble-t-il, été proposé par le maire d'Enghien qui le connaissait bien ; Me Dupont étant son notaire personnel et celui de la ville, il s'en portait donc garant. Peut-être M. Patenôtre-Desnoyers espérait-il ainsi continuer à connaître des affaires de la ville de Montmorency et préparer le rattachement du bas-Montmorency à Enghien, rattachement qui avait déjà été tenté au début du siècle et que souhaitaient les habitants qui jugeaient plus pratique d'aller à Enghien que de monter en centre-ville.

Pourquoi cette suggestion fut-elle retenue et transmise à Vichy par le préfet ?

Plusieurs facteurs ont vraisemblablement joué en faveur de Me Dupont :

Un homme neuf, jeune, un bourgeois préparé de par sa profession à administrer une commune telle était l'image que l'on pouvait se faire, à Vichy, de Me Dupont.

Quelles raisons lui firent accepter cette nomination ?

Après avoir accusé le choc de la défaite et avoir même songé un moment à continuer le combat, Me Dupont a finalement repris ses activités professionnelles ; il ne se résigne pas pour autant à l'occupation du pays et encore moins à l'avenir que semble préparer le gouvernement : l'annexion de la France et sa disparition dans la grande Europe hitlérienne. Comme son ami, l'enghiennois Hippolyte Pinault, qui, lui aussi, refuse d'accepter la situation, il est décidé à «résister» mais n'a pas encore trouvé comment. Or, H. Pinault, de par son activité littéraire, est en contact avec les milieux intellectuels résistants ; c'est à eux qu'il demande conseil : «Si votre ami persiste dans sa volonté de résister, qu'il accepte ; un maire «opposant sera un pion utile dans le grand réseau qui se met alors en place et aboutira à la création du N.A.P». (noyautage des administrations publiques) : telle est la réponse obtenue. Pressentant que son aide pourra, peut-être, se révéler utile aux nombreuses familles Juives de Montmorency et par la suite à d'autres catégories, ne serait-ce qu'en leur fournissant de vrais faux-papiers ; pensant pouvoir recueillir d'utiles renseignements et, par la force d'inertie adoucir, retarder, voire empêcher certaines mesures : il accepte, conscient des risques encourus, le poste offert et s'installe à la mairie le 31 mai 1941.

Montmorency a donc un maire : reste à lui donner un nouveau conseil municipal. C'est chose faite en septembre quand 19 personnes, nommées elles aussi, remplacent la délégation. Ce conseil qui comprend 4 anciens membres du conseil de 1935 ou de la délégation (Mrs Grillot, Basset, Perrochat et Bazaud) et 15 nouveaux dont 2 choisis ès qualité : les représentants des Familles Nombreuses et des Prisonniers de guerre, se compose de 4 retraités, de 13 actifs : (professions libérales, commerçants et artisans) et, innovation, d'un ouvrier de chez Renault et d'une femme (rappelons qu'à cette époque les femmes ne votent pas) Mme Gourmand, nommée pour s'occuper «des œuvres de bienfaisance».

Dans son discours d'accueil, le maire, après avoir évoqué «la guerre, le cruel destin de la France» et leur avoir demandé de penser «aux enfants de Montmorency que cette guerrenous aravis.… aux prisonniers» puis de rendre hommage «au grand soldat de Verdun» expose son programme : «Amenés pour la plupart à une activité municipale par le sort tragique du pays... unissons nos efforts pour accomplir ensemble un travail d'administration aussi sérieux et efficace que possible. mais nous ne devons jamais perdre de vue la tragédie d'hier, la misère d'aujourd'hui et la plus grande misère matérielle encore de demain, enfin la renaissance nécessaire d'après demain».

Pendant 3 ans ( septembre 41-août 44 ) c'est à cette tâche : pourvoir aux besoins de la population tout en préparant l'avenir que se consacre le conseil dont l'autonomie est limitée non seulement par l'autorité de tutelle (le préfet) mais aussi, par l'occupant qui pèse sur les décisions françaises ou intervient directement dans la vie municipale.

La kommandantur, installée rue de Paris, dans la propriété Messein (actuellement la sous-préfecture av. Ch. de Gaulle) contrôle soigneusement tous les faits et gestes de la municipalité et des habitants. Il est impossible d'organiser des transports et, pour les médecins et ambulanciers de sortir après le couvre-feu sans avoir obtenu ausweiss et bons de carburant délivrés chichement par ses services. Travaillant dans de telles conditions, qu'a pu faire le conseil ? Il a d'abord, comme en témoignent les registres des délibérations, administré la ville ; mais, à côté de la gestion des affaires courantes (budget, voirie, etc.) il a tenté de préparer l'avenir.

C'est ainsi qu'en 1942, une propriété est achetée dans le bas-Montmorency pour y ouvrir une école ; que le vieux centre est déclaré insalubre et qu'un plan d'expropriation puis de réaménagement du quartier est lancé, qu'une demande de classement de 7 sîtes est adressée aux Beaux-Arts. Mais ce souci de sauvegarder le patrimoine ne peut empêcher la disparition de la statue de Rousseau et du buste de Grétry, enlevés dans le cadre de l'opération de «récupération des alliages cuivreux».

La situation se dégrade : le rationnement est de mois en mois plus strict, les bombardements plus fréquents si bien qu'en 1944, les ordures sont enlevées par un tombereau tracté par un cheval, que des abris anti-aériens ont été aménagés sous la place du marché, sous l'avenue Foch et dans le fort et que le Conseil, craignant des jours difficiles, débloque en mai un crédit destiné au ravitaillement collectif de la population et met au point un plan de détresse prévoyant l'installation de cuisines communautaires communales.

On le voit, «la tâche» est encore «plus aride» que ce qui avait été prévu en 1940. Mais, derrière toutes ces décisions officielles et légales, d'autres actions sont menées, à la mairie et ailleurs. Là aussi, on prépare l'avenir qui commence par la Libération du pays.

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Pourquoi il faut organiser la Défense Passive ?

Une nouvelle guerre européenne ne ressemblera pas plus à celle de 1914-1918, que celle-ci ne ressembla aux guerres de Charlemagne. Avec des explosifs d'une puissance terrifiante, avec des gaz de combat incolores et inodores, avec des moyens bactériologiques, les armées de l'air s'efforceront sans pitié, sans scrupule, d'exterminer tout ce qui vit chez leurs adversaires, et si aucune protection n'est organisée, non seulement les hommes et les animaux seront atteints dans leur chair, mais ce qui indirectement aura le même résultat, les approvisionnements en vivres et en boissons, seront souillés et transformés en terribles poisons.

Voilà ce qu'à écrit sur ce sujet le Général LUDENDORFF, ancien Major Général du Maréchal HINDENBURG : « Il n'y aura pas de déclaration de guerre et, une fois déclanchée par surprise, elle sera conduite jusqu'à l'anéantissement complet, non seulement des armées ennemies, mais aussi de sa population. Les engins modernes, les gaz asphyxiants, les bombardements aériens et l'utilisation des bacilles, seront employés intensément à cette œuvre de mort».

En fait, c'est ce qui se passe actuellement en Espagne et en Chine où l'état de guerre existe, sans qu'il y ait eu déclaration de guerre.

On a vu en Espagne des villes sans aucun moyen de défense, bombardées et entièrement détruites ; puis les avions de chasse poursuivre les rescapés, femmes, enfants, vieillards, qui s'enfuyaient et les massacrer jusqu'au dernier, cela sans aucune raison militaire, dans le seul but de tuer et de terroriser.

Un navire allemand ayant été attaqué sur mer, la marine de guerre de cette nation, a aussitôt, à titre de représailles, sans avertissement, bombardé et anéanti une ville espagnole voisine, massacrant ainsi sans aucun scrupule, des femmes et des enfants... Que n'a-t-on pas vu en Chine ?..

Le 14 août 1937, sans déclaration de guerre, deux avions de guerre laissèrent tomber sur Shanghaï, quatre bombes qui tuèrent 1.400 personnes. En éclatant ces quatre bombes qu'on suppose être des bombes électrons, répandirent une lave ardente qui instantanément détermina dans l'atmosphère environnante, une température fantastique, au milieu de laquelle tous les êtres vivants s'effondrèrent aussitôt, comme des pantins de cire. Les plus près de la lave ardente furent volatilisés. Et c'est comme ça, que commença la guerre actuelle sino-japonaise.

Si en Espagne et en Chine, les belligérants n'emploient ni les gaz de combat ni les moyens bactériologiques, ce n'est certes pas par humanité, mais uniquement parce que les nations européennes gardent jalousement leurs secrets sur ces moyens d'action, les réservant pour la lutte finale, où leur propre existence sera irrémédiablement engagée.

C'est que les guerres actuelles en Espagne et en Chine, ne sont évidemment pas des fins pour les nations bellicistes, mais des moyens en vue d'une guerre générale, dont ces nations espèrent tirer le profit auquel aspirent leurs ambitions impé- riales.

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La population : vie quotidienne et réactions

carte de rationnement
Une carte d'alimentation.

Les archives de la résistance n'étant pas ouvertes au grand public, mais seulement aux familles des membres qui en ont été les acteurs, les documents consultables concernant l'attitude des montmorencéens sont donc peu nombreux ; les survivants, 50 ans après les faits, sont une exception et les témoignages oraux recueillis émanent de personnes qui, pour la plupart à l'époque étaient de jeunes adultes ou des enfants qui, prudence oblige ! étaient rarement au courant des actions entreprises.

Il nous a néanmoins été possible, en confrontant les souvenirs des quelques personnes qui ont répondu à notre appel, de reconstituer les grandes lignes (les détails pas toujours précis divergent quelquefois) de ce que furent la résistance et les trois journées de la libération à Montmorency.

De la déclaration de guerre au retour de Pierre Laval au pouvoir, en avril 1942, domine un sentiment d'impuissance, de résignation et d'acceptation du régime.

Après la mobilisation, la défaite et l'exode, les entreprises et les écoles rouvrent leurs portes : à l'automne 1940, la vie semble reprendre son cours mais, la préoccupation essentielle est de compléter les rations de vivres et de charbon allouées par l'état, de trouver vêtements chauds et chaussures pour sa famille mais aussi pour les nombreux prisonniers (ils sont plus d'une centaine) à qui l'on s'efforce d'envoyer régulièrement des colis : encore faut-il avoir de quoi les remplir ! Les seules activités mentionnées dans la presse sont les réunions des associations d'aide aux prisonniers, nombreuses et efficaces, et celles des membres de la Défense passive chargés de vérifier dans leurs ilôts l'efficacité du black-out. Sinon, c'est le train-train quotidien : l'école pour les jeunes, le voyage pour ceux qui travaillent à Paris et, pour les ménagères, les queues devant les boutiques. Les seules nouvelles connues sont celles que diffusent la presse écrite censurée et la TSF (Radio Paris notamment).

L'occupant est présent : les grandes propriétés habitées avant guerre par la bourgeoisie parisienne qui y passait l'été, ont été réquisitionnées. Tout au long de la rue de Paris (actuelle avenue Ch. de Gaulle) au 20, 32, 36 sont installées la Kommandantur et des maisons où se reposent les troupes de la Wehrmacht. Ces allemands sont relativement discrets : leur monnaie imposée à l'automne 40 a vite été remplacée par les pièces marquées de la francisque ; leur frénésie d'achats a pris fin ; des ordres ont été donnés pour que les soldats ne se mêlent pas à la population française ; ils ont leurs cinémas, leurs hôpitaux ; on ne les voit, en centre ville, que lorsqu'ils se rendent, en rangs, aux bains-douches de la rue de Jaigny.

Quelques manifestations ont bien eu lieu à Paris ; celles des étudiants devant la tombe du soldat inconnu le 11 novembre 1940 ; d'autres au début de 1941, dont celle où fut arrêté un jeune montmorencéen Claude Lalet, (il sera éxécuté en octobre 1941). Mais, il y a, semble t-il, peu de réactions aux mesures prises alors : création des tribunaux d'exception, serment exigé des fonctionnaires, statut des juifs, ils sont pourtant particulièrement nombreux à Montmorency ; même l'attaque déclenchée contre l'URSS puis la création de la LVF (légion des volontaires français) par Doriot ne semblent pas avoir beaucoup secoué l'apathie des 10 000 habitants de notre cité, surtout préoccupés par les difficultés matérielles ; de toute façon, ceux qui ont réagi, l'on fait discrètement.

À partir de mai 194, la collaboration prônée par Laval qui déclare : «je souhaite la victoire de l'Allemagne» se traduit par de nouvelles mesures ; chacun, cette fois, est visé : les juifs sont arrêtés massivement : à Montmorency, ceux qui n'ont pas pris la précaution de partir s'installer ailleurs avec de faux papiers, ou comme la femme «aryenne» mariée à un juif, de divorcer et de faire porter sur les cartes d'identité son nom à ses enfants, ceux-là disparaissent ; l'attitude de l'occupant se durcit, la gestapo sévit (y compris dans la zone sud après le débarquement allié en AFN, en novembre 1942) enfin la création du STO en septembre oblige les jeunes français à partir travailler dans les usines allemandes vides d'une main d'œuvre que les prisonniers de guerre ne peuvent à eux seuls remplacer. C'est surtout cette dernière mesure qui impose à beaucoup de définir leur choix : peut-on aider ou non l'Allemagne à gagner la guerre ?.

Pourtant, la majeure partie des habitants continue apparemment à attendre passivement en se débattant dans des difficultés de plus en plus grandes. Manger à sa faim, fumer, avoir chaud devient une obsession ; à tel point qu'il faut installer à la mairie annexe un coffre-fort pour y entreposer les cartes de rationnement et que la municipalité décide de louer le camion équipé d'un gazogène aux commerçants pour leur permettre d'assurer plus facilement le transport des marchandises des halles jusqu'à la ville.

Une toute petite minorité, par contre, s'engage à fond derrière Laval, Doriot et Déat : la milice recrute quelques éléments (4 semble-t-il) et une dizaine de volontaires partent travailler pour le Reich.

Quelques noyaux de résistance, se mettent discrètement en place fin 1942, début 1943. Cette résistance, d'abord spontanée et due a l'initiative personnelle, doit, pour être efficace recourir très vite à l'aide d'autrui. Par exemple, le Dr Gourmand a réussi à faire admettre à l'hôpital un juif qui, passant pour malade, sera gardé dans une chambre pendant 4 ans. Il a fallu, pour cela la connivence du chirurgien le Dr Cresson, celle d'un interne et d'une infirmière, mais, le reste du personnel, comme les autres malades qui, heureusement, ne séjournaient que peu de temps, n'ont jamais deviné la supercherie. Ces actions isolées se révèlent vite insuffisantes : c'est à une autre échelle qu'il faut agir. C'est pourquoi, à la mairie, Roger Dupont, membre du NAP, (ce groupe de fonctionnaires qui, en accord avec Alger puis le CNR, prépare l'administration de l'après-libération) se fait aider par F. Perrochat et le secrétaire général de la mairie : M. Chatelut pour puiser dans le stock des cartes d'identité afin de doter de faux papiers ceux qui, pour des raisons diverses (Israélites, STO) vont entrer dans la clandestinité. 10000 environ auraient été distribuées.

Les jeunes gens requis pour le travail en Allemagne sont divisés sur l'attitude à prendre. Plus de 100 partiront : ce sont les résignés. «C'est comme cà ! » Ceux qui ignorent comment y échapper et ceux à qui on a laissé entendre à mi-mot qu'ils pourraient gagner un maquis mais qui n'ont pas compris. Parmi eux, quelques uns comprendront vite et profiteront de leur permission pour ne pas retourner outre-rhin ; d'autres, tels Jean M. ou Roland F. y resteront jusqu'à la fin des hostilités etreviendront tandis qu'Eugène Gigodot n'aura pas cette chance et périra sous les bombes alliées.

Quant à ceux qui ont refusé le STO, les uns ont trouvé refuge à la campagne dans les fermes amies, (c'est ainsi que Roger M. se trouve à Us, Seine-et-Oise) ; les autres sont entrés dans la résistance active comme Paul Arbios au début de 1943 ; il sera malheureusement arrêté et éxécuté un an après.

e Dupont puis transmis à H. Pinault dont les activités professionnelles se déroulent à Paris, ce qui lui permet d'entrer plus facilement en contact avec d'autres agents parmi lesquels le Dr Roger, le gendre du Dr Gourmand. Roger Dupont et Hippolyte Pinault sont en effet, en ce printemps 1944 les délégués de l'OCM pour la région qui s'étend de la porte Clignancourt jusqu'à l'Oise. Le 6 juillet, H. Pinault est arrêté par la gestapo tandis que R. Dupont alerté réussit à lui échapper. Il existe un autre réseau : le GMAV nos renseignements le concernant sont peu précis, mais en juin 44 Georges Pointard cache chez lui un anglais qui «pianote» les renseignements destinés à Londres.

À ce travail, il convient d'ajouter pour l'OCM et pour le réseau Alexandre, Pierre et Jacques, qui s'étend de la mer du Nord à la Méditerranée la prise en charge et le transfert des aviateurs alliés abattus.

Résister c'est, enfin, préparer les combats de la libération. Des groupes armés existent à Montmorency en 1944 ; il s'agit surtout de membres de l'unité 405 des FFI qui dépend de R. Dupont. D'autres FFI font partie du groupe de Georges Pointard ; enfin quelques FTP, peu nombreux dépendent de Jean Bette qui, sous le commandement de Rol-Tanguy, dirige le secteur de Montmorency. Mais ces hommes manquent d'armes ; les parachutages prévus sur des terrains proches de la forêt, balisés avec l'accord de leurs propriétaires (et moyennant indemnité ? ) sont nettement insuffisants ; la cache prévue chez G. Pointard restera vide.

Telle est la situation au printemps 1944 : une vie de plus en plus difficile : les bombardements alliés ne visent pas directement notre ville qui ne possède ni usine ni voie ferrée d'importance, mais, en détruisant les routes et les ponts, ils retardent l'arrivée des produits en région parisienne où le rationnement est de plus en plus strict ; même les médecins ne reçoivent pratiquement plus d'essence : le Dr Langumier se souvient d'avoir fait ses visites à «pétrolette». Les allemands sont nerveux et féroces : les troupes de la Wehrmacht ont été remplacées début juillet par des SS, et la ville a perdu son maire, qui doit se cacher. C'est F. Perrochat qui en assume provisoirement la fonction.

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La libération

Tandis que Paris se soulève, Montmorency est privée de son maire qui, entré dans la clandestinité, participe à l'insurrection parisienne, notamment au combat de la préfecture de police puis, assure, au nom des résistants, une mission auprès du général De Gaulle. (Il s'agit d'obtenir que les armées alliées ne laissent pas les parisiens se battent seuls contre les Allemands mais, modifiant le plan prévu, viennent à leur secours).

Notre ville, où stationnent encore de 200 à 300 allemands, reste calme mais les FFI se préparent à l'action.

Ce n'est que le 26 août, tandis que dans Paris libéré, le Général et les membres du CNR descendent les Champs Elysées, que commencent dans notre cité les péripéties de la libération qui vont durer trois jours. Nous allons tenter d'en résumer les principaux épisodes en faisant la synthèse des témoignages recueillis, la difficulté étant que chaque témoin n'a eu qu'une connaissance très partielle des évènements.

Quelques signes témoignent dès le 21 de la nervosité des occupants ; certains forcent les portes de la salle des fêtes, y volent les denrées destinées aux colis des prisonniers ; d'autres s'emparent de bicyclettes et de véhicules automobiles qu'ils regroupent dans les parcs de la mairie et du château du duc de Dino. C'est alors que la municipalité se scinde en deux : tandis que F. Perrochat qui fait fonction de maire et craint d'être arrêté, se réfugie à l'hôpital avec le secrétaire de mairie M. Chatelut, les autres membres du conseil restent à l'hôtel de ville à la disposition de la population.

brassard de membre des F.F.I.
Un brassard de membre des F.F.I.
Document aimablement prêté par Mme Vermond.

Les alliés approchent. Les FFI attaquent alors les troupes allemandes qui ont commencé à se replier : des combats ont lieu dès le 25, porte de la Chapelle puis sur la nationale 1, vers St Denis et Pierrefitte, sur la route de Pontoise aussi. Ces attaques sont coordonnées par le commandant Franc de l'OCM qui, en l'absence de R. Dupont a la responsabilité de l'unité 405 et a obtenu l'appui du MGAWV et celle du groupe Manouchian de Deuil. On se bat aussi à Argenteuil dont les blessés et les morts sont évacués sur l'hôpital de Montmorency par les soins de Mme Beauchais, présidente du comité de la Croix Rouge locale. Sœur de M. Dupont et, comme lui, membre de l'OCM, elle a, en effet, trouvé en M. Gislard, le directeur de l'hôpital cantonal, l'aide qu'elle ne recevait pas à Argenteuil. Mais, dans notre ville, c'est toujours, apparemment du moins, le calme.

C'estle samedi 26, Enghien s'étant libérée, les troupes US se trouvant sur la N.1 vers Pierrefitte-Montmagny et la 2ème DB au fort de la Briche mais les allemands toujours installés dans les différentes propriétés de la rue de Paris, que se produisent les premiers accrochages. En fin de matinée, quelques personnes venues d'Enghien se heurtent aux allemands près du château de Dino et place Ch. Lebrun : des coups de feu sont échangés et M. Valet, qui se trouvait dans son jardin est mortellement blessé . La réaction de l'occupant ne tarde pas : tout le centre ville est quadrillé par des patrouilles qui ordonnent la fermeture des boutiques, des fenêtres et interdisent de sortir. C'est, en plein midi le couvre-feu et 30 personnes sont bloquées à la mairie . Vers 15 heures, un coup de téléphone parvient à la mairie signalant que les soldats mettent le feu aux camions entreposés dans le parc, menaçant le cèdre du Liban ; des négociations s'engagent, les allemands acceptent finalement de déplacer les véhicules, le dialogue est encore possible. Puis un autre appel annonce la venue de 2 chars de la 2ème DB accompagnés de FFI enghiennois. Peu après débouche dans l'avenue Foch, venant de l'avenue Émile, un simple camion pavoisé. Une dizaine de civils armés d'une mitrailleuse, de quelques fusils et de revolvers en descendent et prennent position devant l'actuel batiment du S.I, puis ils ouvrent le feu sur les allemands installés devant ce qui est maintenant l'immeuble des Services Techniques. Mais la mitrailleuse s'enraye ; les FFI s'enfuient vers la place du marché ; 2 d'entre eux se réfugient dans la salle des fêtes où les allemands les trouvent et les collent au mur ; l'éxécution de ces «terroristes» est imminente quand arrive, à son tour, une auto-mitrailleuse alliée ! Les 2 FFI s'enfuient de même que les allemands qui, par la rue de Clairvaux et la ruelle des haras, regagnent leur cantonnement. Est-ce alors qu'ils arrêtent, dans le bas de la rue de Clairvaux, Roger Levanneur ? Quant à l'auto-mitrailleuse française, qui n'est venue que parce que son conducteur, un jeune montmorencéen qui voulait revoir sa ville natale, a outrepassé les ordres reçus, (il devait s'arrêter à la porte rouge) elle repart vers Enghien.

Les conséquences de cet accrochage sont graves. Un FFI Ch.Gossez, soigné à la mairie puis évacué sur l'hôpital y mourra le soir même ; quant aux occupants, revenus avec des renforts, ils considèrent l'hôtel de ville comme un dangereux nid de «terroristes» et s'installent au carrefour des rues Th. Vacher - Rey de Foresta, à celui de la rue de Grétry juste en face de la mairie et dans le parc et de là, tirent sur tout ce qui bouge. C'est ainsi que le Dr Langumier, ayant passé la tête par sa fenêtre est visé, que Fernand Therouin est abattu rue Th.Vacher et qu'à la mairie, un volet étant resté ouvert un tir allemand fait 3 blessés que le Dr Gourmand fait évacuer sur l'hôpital, les ambulances étant encore autorisées à circuler, mais l'un d'entre eux, Mr Leroy décèdera 2 jours plus tard.

Ce même après-midi, d'autres montmorencéens sont victimes des balles allemandes, tels, rue de Paris, un adolescent Louis Rey et un parisien venu se mettre à l'abri dans notre ville : Mr Bedos. Vers le soir, des mortiers et des mitrailleuses sont installés dans le parc et devant l'entrée principale. Ils serviront une partie de la nuit provoquant des dégâts rue Notre-Dame et tuant dans sa maison rue Demirleau, Mme Blaise et blessant son mari.

Le dimanche 27, le calme étant revenu, les personnes qui ont passé la nuit à la mairie regagnent leur domicile tandis que G. Pointard y arrive et annonce qu'en l'absence de F. Perrochat, toujours à l'hôpital, il en prend, au nom des résistants, la direction. Le couvre-feu n'est pas officiellement levé et rue de Paris une nouvelle personne, M. Boulanger est tuée.

À la Chataigneraie, des allemands de la Wehrmacht repliés de Normandie, (préparant leur départ vers les forts de Domont et Montlignon ? ou bien, au contraire voulant en faire un Bastion d'où partira la contre-attaque, menée vers Enghien ? ) s'installent avec de l'artillerie et réquisitionnent le 46 bd G.Clémenceau.

Pendant ce temps, un nouvel accrochage a lieu, route de St Leu, : des FFI attaquent et incendient un camion allemand mais laissent ses occupants repartir !.

Les conséquences ne se font pas attendre : vers 14 heures, 2 chars allemands venus de la chataigneraie, arrivent place du marché, gagnent la place de l'auditoire, y arrêtent 12 hommes, pris comme otages, les envoyent bd G. Clémenceau puis continuent leur route vers le bas Montmorency .

Pendant ce temps, un officier parlant notre langue se présente à la mairie et réclame, pour assurer la sécurité de ses troupes, 10 otages. G. Pointard ne sachant qui désigner, ni comment choisir, il lui suggère de prendre dans l'annuaire téléphonique le 10ème nom de chaque lettre ce qui est fait . Reste alors à prévenir les personnes concernées, à aller les chercher quand elles sont chez elles ou à trouver des remplaçants. Tout ceci prend du temps.

Il faut aussi prévenir la population pour qu'aucun geste inconsidéré ne mette en jeu la vie des otages, qui pourront, assure cet officier, être relevés toutes les 3 heures. Les hommes de la Défense Passive, à pied, et G. Pointard sur un char, parcourent le centre, prévenant les habitants et transmettant l'ordre de laisser les portes ouvertes et de ne sortir sous aucun pretexte . Puis, tandis que les 10 otages sont emmenés à la chataigneraie où ils remplacent les 12 hommes arrêtés précédemment, G. Pointard va à l'hôpital prévenir F. Perrochat.

Dans le bas-Montmorency, au contact de la zone déjà libérée, de nouveaux affrontements ont lieu, ce même après-midi. Les FFI montmorencéens dirigés par G. Gaunet, épaulés par ceux d'Enghien et attendant des renforts envoyés par la 2ème DB qu'ils ont alertée, ont dressé une barricade près des 3 communes . Les chars allemands, arrivant par la rue de la république enlèvent facilement la barricade puis se dirigent vers le carrefour du temple ; la situation est devenue critique quand 2 chars français arrivent enfin. L'Ouragan et le Bourrasque parviennent à prendre les chars ennemis par surprise et à les détruire. Le bilan est lourd (des maisons incendiées, un FFI blessé, 4 morts : 1 FFI et 3 civils) mais, sans l'arrivée des fusiliers marins, il l'eut été beaucoup plus. Revenons aux otages qui n'ont pas été remplacés mais voient, vers 21 heures arriver F. Perrochat, puis le voient repartir . Qu'est-il venu faire ? C'est par leurs hôtes qu'ils apprennent que celui-ci est arrivé muni d'une lettre des autorités militaires françaises exigeant leur libération, ce que le commandant allemand a refusé. Cette missive lui a été transmise par le Dr Roger, qui, venu dans l'après-midi à Montmorency, en est reparti dès qu'il a connu la situation. Ce parisien, grand résistant, a su joindre le général Anglade, lui exposer le problème et en obtenir un ultimatum : pour tout otage tué, 3 allemands seraient éxécutés. Est-ce ce message qui a incité le commandant à faire un geste ? ayant trouvé dans le fort de Domont 6 étrangers membres de l'organisation Todt, ils les emmènent bd G.Clémenceau et libèrent alors les 6 otages les plus âgés. Les autres seront libérés dans la nuit quand les troupes quitteront la chataigneraie pour aller, conduits par l'un des otages, au fort de Montlignon.

Si les otages ontrecouvré la liberté, il n'en est pas de même pour Roger Levanneur et le jeune André Rabier de Deuil ; arrêtés le 26, ils sont encore, malgré les démarches de leurs familles, détenus dans une des propriétés de la rue de Paris et nul ne peut les voir.

Au matin du 28, la ville est calme et attend ; les allemands SS qui sont encore rue de Paris donnent à nouveau l'ordre de rentrer chez soi et tirent sur ceux qui n'obtempèrent pas : il y a ainsi quelques blessés dans le parc Séchan.

À l'hôpital où les médecins sont bloqués depuis 3 jours, le Dr Cresson et ses 2 internes du service de chirurgie, J. Moulinet et J. Trenty n'arrêtent pas d'opérer car aux nombreux blessés français sont venus s'ajouter 4 allemands qu'il n'avait pas été possible d'envoyer ailleurs ; l'un de ces hommes a laissé un souvenir vivace au Dr Trenty qui évoque 50 ans plus tard l'extraction d'une balle dans la cuisse, effectuée sur un polonais, un résistant qui par crainte des Allemands a refusé de se laisser endormir et n'a pas lâché son revolver. Il a tout supporté et dès la fin de l'intervention a été caché par le Dr Cresson. Heureusement, car 10 minutes plus tard, les Allemands sont là. Une ambulance se présente en effet, en début d'après-midi, pour évacuer les 4 opérés ; elle s'apprête à partir quand entre par le portail une voiture décorée de drapeaux, conduite par des FFI. Le directeur a la présence d'esprit de la faire ressortir mais les Allemands furieux exigent des otages et s'apprêtent à les fusiller quand F. Perrochat arrive et, les convainc, difficilement il est vrai, qu'ils ne craignent rien et qu'on ne leur tirera pas dans le dos. Ils partent enfin, mais pour plus de sûreté, l'emmènent avec eux jusqu'à Domont. Les derniers occupants quittent enfin leur cantonnement après avoir miné, rue de Paris, un bâtiment ; les voisins, prévenus par 2 SS autrichiens, peuvent se mettre à l'abri ; les dégâts ne sont que matériels. À 15 heures, le lundi 28 août, Montmorency est libre ! La joie éclate, joie bien vite mêlée d'horreur quand sont connues toutes les victimes et que sont découverts les corps de Roger Levanneur et d'André Rabier (qui ont été torturés à mort par les SS).

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De la libération à la capitulation allemande septembre 1944 - mai 1945

Annonce des obsèques des victimes de la guerre
Annonce des obsèques des victimes de la guerre.
Document aimablement prêté par Mme Vermond.

Après les obsèques solennelles de 8 des victimes célébrées le 31 août à la Collégiale, la population montmorencéenne retrouve ses préoccupations car la guerre continue et les difficultés matérielles subsistent. Le climat, certes, a changé avec la présence des troupes alliées et l'attente de la victoire, mais l'espoir est mêlé d'inquiétude tant se multiplient sur le territoire du Reich les bombardements qui font craindre pour la vie des prisonniers et déportés dont on attend le retour.

Dans toute la France les autorités nommées par Vichy ont été remplacées par des Comités Locaux de Libération (CLL) formés spontanément par les Résistants. C'est le cas à Montmorency où, dès la mi-septembre, un CLL constitué de 12 puis 17 membres a pris le pouvoir : il est composé de quelques résistants dont Georges Pointard, du père de Roger Levanneur, de 2 membres de la ligue antifasciste de 1935, de 2 femmes, et de 2 membres de l'équipe sortante sur les 7 qui ont été pressentis.

Ont refusé d'y sièger À. Basset, Mme Gourmand, Roger Dupont, membre du Comité Départemental de Libération (CDL) où il représente l'OCM de Seine et Oise. Ces 17 conseillers, reconnus par le CDL, sont habilités à gérer les affaires courantes mais, doivent dès octobre, procéder à la formation d'un nouveau conseil.

Conservant 14 de leurs 17 membres, ils cooptent 4 résistants : Mme Deschamps, Mrs Trousselier, Leroy, Lefèvre et 6 représentants du conseil élu en 1935 dont l'ancien maire Raymond Perquel (qui ne viendra jamais).

Ce second CLL élit son maire le 19 octobre : c'est Georges Pointard qui ayant recueilli 12 voix sur les 22 suffrages exprimés, est élu. Ce choix est notifié au CDL et au préfet nouvellement nommé ; mais celui-ci, excipant d'une décision prise dès 1944 à Alger par le Gouvernement Provisoire de la République, fait savoir qu'il rétablit dans ses fonctions le maire élu en 1935.

Le CLL montmorencéen proteste et tout en rendant hommage à Mr Perquel, refuse d'obtempérer et menace de démissionner.

«... le conseil s'étonne … proteste contre la décision de réintégrer Mr Perquel comme maire ; d'accord pour reconnaitre la dureté du traitement à lui infligé comme israélite, adresse à ce dernier l'expression de sa cordiale sympathie pour les épreuves qu'il a endurées pendant l'occupation nazie ; l'accueille cordialement au sein de son assemblée ; regrette qu'il n'ait pas cru devoir assister à la réunion de constitution du conseil municipal... lui demande de renoncer aux fonctions de maire ; renouvelle sa confiance à son maire et à ses adjoints qu'il a élus le 19 octobre ; demande à Monsieur le Préfet de rapporter son arrêté....

Finalement, Me Perquel n'exigeant pas l'application de l'arrêté préfectoral, Georges Pointard reste à son poste et assure jusqu'en mai 1945 la direction de la municipalité.

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Les élections municipales

Organisées les 23 avril et 13 mai 1945 traduisent la volonté de changement du pays. Il en est ainsi à Montmorency où sont réélus 4 membres de l'équipe nommée en 1941 : R. Dupont, À. Basset, F. Perrochat Mme Gourmand, 1 membre du CLL : G. Pointard et 2 personnes qui avaient fait acte de candidature en 1935 ; tandis «qu'entrent en politique» pour la première fois 20 nouveaux élus dont ès qualité : 3 FFI et 4 prisonniers.

L'élection du maire et des adjoints ne pose aucun pro- blème : R. Dupont est élu maire par 20 voix sur les 22 suffrages exprimés ; puis Mme Gourmand et À. Basset ainsi que 2 nouveaux, Mrs. Livet et Piednoir, sont choisis pour adjoints.

Ce conseil, gérant les affaires communales jusqu'aux élections de 1947, doit résoudre les problèmes posés par le retour des prisonniers et déportés qui reviennent, peu à peu, au fur et à mesure de l'avance des troupes alliées ; il doit également faire face aux difficultés de logement et de ravitaillement car les cartes de rationnement subsistent jusqu'en 1948, lorsque la situation s'améliore enfin grâce au Plan Marshall.

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Journal de la libération

Quel bilan peut-on dresser de ces 6 années ?

Petite ville sans problèmes ni faits d'armes particuliers, Montmorency donne une image assez typique de l'histoire nationale : des montmorencéens figurent en effet, dans toutes les catégories de citoyens « morts pour la France» de 1939 à 1945 : combattants de 39-40, prisonniers décédés pendant leur captivité, FFL, STO, déportés politiques, Israélites, FFI, combattants de 44 et 45, et le tribut payé a été lourd.

Au terme de cette étude menée avec des moyens limités, nombre de questions restent sans réponse :

Pour répondre à ces questions, d'autres recherches plus approfondies seront nécessaires mais il faudra attendre 60 ans pour avoir accès aux archives officieelles.

Jacqueline Rabasse

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Remerciements

En ce cinquantième anniversaire de la capitulation du IIIe Reich, qui marque la fin de la guerre, nous remercions celles et ceux qui, par leur témoignages nous ont permis de mieux connaitre cette période et de faire revivre les figures de ceux qui combattirent et pour certains donnèrent leur vie pour que la France soit enfin libre.

Mesdames : Beauchais, Hervo, Manet, Vermond, D.Warret, J.Warret.

Messieurs : Roger Basset, Philippe.Dupont, Fargeat, Hoebeck, Langumier ; Roger Pointard, Stevens, Trenty.

Documents dépouillés :

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Notes

(1) P.V. octobre 1940

(2) Extrait du discours du Secrétaire Général de la Préfecture de Seine et Oise venu installer la Délégation.

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