La condition paysanne sous l’Ancien Régime

Entre le XVIe et le XVIIIe siècle, huit à neuf Français sur dix vivent et travaillent dans les campagnes du royaume de France. Depuis une cinquantaine d'années, plusieurs générations d'historiens ont défriché les profondeurs du monde rural. Ils ont ramené à la lumière les paysans du Languedoc, du Maine, de Touraine... Grâce à ces recherches, le microcosme paysan d'Ancien Régime commence à être cerné. Sous les yeux de l'historien du XIXe siècle, c'est un monde de le diversité qui se dévoile.

L'agriculture, bien sûr, est un axe fondateur. Mais il ne faut surtout pas oublier les thèmes qui nous font pénétrer dans le quotidien de cette paysannerie : les mentalités (piété populaire, les peurs, la violence au village), la culture matérielle, les rapports humains, la vie des communautés. Si les archives permettent de mieux comprendre les conditions de la vie quotidienne paysanne, il existe d'autres types de sources qui offrent une vision externe : les récits de voyages.

Quelles sont les raisons à l'origine des déplacements, les voyageurs, allant de gîte en auberge, cheminent à travers les paysages ruraux. Cependant, s'ils identifient les productions, les auteurs ne décrivent pratiquement jamais les hommes à l'origine de celles-ci. Pire, la paysan n'est souvent qu'un rusticus sale, illettré et superstitieux. Au-delà de ces clichés désobligeants, il s'est agi de comprendre et d'expliquer le double clivage qui fausse le regard porté sur le monde rural : le fossé séparant les élites des masses rurales d'une part et les différences entre le monde des villes et celui des campagnes.