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À propos des Montmorency : quelques portraits

Quand disparaît, en 1570, la branche aînée des Montmorency (les Nivelle) (1), c’est Pierre de Montmorency-Fosseux, troisième successeur de Louis de Fosseux, qui devient «le chef du nom et des armes de la famille de Montmorency».

Mais la branche la plus illustre est celle qui, détenant le titre ducal et semblant assurée de la faveur royale, est constituée par les quatre fils du connétable Anne décédé en 1567. Ainsi, François l'aîné, le filleul de François 1er, est maréchal de France et gouverneur de Paris et de l’Île de France tandis que le second Henri de Montmorency-Damville, filleul d’'Henri II, maréchal de France lui aussi, est gouverneur du Languedoc.

Cette famille puissante et bien en cour (Henri IV sera, à son tour, parrain d’un Montmorency) peut, semble-t-il, envisager l’avenir avec sérénité. Et pourtant !

Sous le règne de Louis XIII et de son tout puissant ministre Richelieu, deux Montmorency seront décapités : en 1627 François de Montmorency-Bouteville, un cadet de la branche Fosseux (2), qui a osé, après l’interdiction du duel par le Cardinal, venir se battre sous les fenêtres mêmes de Richelieu, monte sur l’échafaud ; le même sort attend en 1632 Henri, gouverneur du Languedoc et dernier duc de Montmorency.

PORTRAIT N° 3 : Henri II, le dernier duc de Montmorency

Né à Chantilly en 1595, il est le fils d'Henri de Montmorency-Damville, gouverneur du Languedoc et Duc de Montmorency depuis 1579. N'ayant eu de son premier mariage que 2 filles, Damville s’est remarié à 60 ans avec Louise de Budos qui n’en avait que 20 et a enfin engendré ce fils tant attendu dont Henri IV est le parrain.

Beau et brave, excellent cavalier, danseur et escrimeur émérite, le jeune Montmorency brille à la Cour et plaît aux femmes. Henri IV le fiance à sa fille naturelle Melle de Vendôme, bien que ce choix ne plaise guère au Connétable son père. Après l'assassinat du Roi, Henri recouvre sa liberté mais, c’est alors Marie de Médicis qui entend disposer de ce beau parti. Elle le destine à sa filleule Marie Félice Orsini, celle que les Français appelleront Marie des Ursins ; le contrat est signé en novembre 1615 : parmi les signatures figurent celles de la Régente Marie de Médicis et du jeune Roi Louis XIII.

La faveur royale ne se dément pas : Henri, devenu duc de Montmorency en 1615, recueille les charges exercées par son père : il devient gouverneur du Languedoc, amiral, il reçoit l’ordre du Saint Esprit et après une brillante campagne en Îtalie, est nommé en 1630 Maréchal de France.

Mais il ne saura pas se tenir à l’écart des intrigues qui s’ourdissent autour du trône. Louis XIII étant sans postérité, le successeur désigné est son frère Gaston d'Orléans qui, impatient de régner, complote et cherche à s’assurer parmi les nobles de solides appuis. Disposant de troupes nombreuses et contrôlant tout le Sud-Ouest, le gouverneur du Languedoc représente un atout décisif pour le frère du Roi. Des émissaires lui sont envoyés, Henri furieux contre Richelieu qui le fait espionner et sûr de ses forces, les reçoit et adhère au complot.

Funeste décision que celle du duc de Montmorency qui, au Roi préfère son frère, lève des troupes et entre en campagne. Blessé et fait prisonnier, le petit-fils du Connétable Anne est jugé et condamné à mort, et rien ne fera revenir Louis XIII sur sa décision. Richelieu, inflexible, fera rejeter toutes les demandes de grâce car, pour renforcer le pouvoir royal, il lui faut «abattre les grands» ; pour rappeler à l’obéissance cette noblesse trop indépendante, il se doit de faire un exemple et puisque l’héritier de la couronne est hors d'atteinte, c’est Henri de Montmorency qui sera exécuté.

C’est le 30 octobre 1632 que, dans la cour du Capitole à Toulouse, finira sur l’échafaud la branche ducale des Montmorency.

Que devient alors le duché ?

Louis XIII, ulcéré, confisque d’abord purement et simplement les biens d'Henri de Montmorency dont la femme est emprisonnée et supprime le duché ; il daigne ensuite partager les terres entre les trois sœurs du défunt : à Charlotte, duchesse d’Angoulème, échoit Écouen ; à Marguerite, duchesse de Ventadour, reviennent Damville et les terres sises en Champagne et dans le Vexin ; Marguerite-Charlotte, princesse de Condé, reçoit quant à elle, les terres de l’ancienne baronnie sauf Chantilly, que le roi a gardé.

Enfin, le 11 mars 1633, le duché de Montmorency est rétabli, le nouveau duc est Henri de Bourbon Prince de Condé, Premier Prince du Sang, l'époux de Marguerite-Charlotte.

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Portrait N° 4: les princes de Condé seigneurs de Montmorency

Les Bourbons, descendant de Robert de CLERMONT, 6ème fils de SAINT-Louis, sont «Princes du Sang». C’est pourquoi, après la disparition des Valois, la branche aînée a accédé au trône en la personne d’Henri de Bourbon, roi de Navarre, (Henri IV), les cadets, quant à eux, sont Princes de Condé, et ducs d’Anguien (3).

Six princes de Condé seront de 1633 à 1789 seigneurs de Montmorency

Henri II : il devient duc de Montmorency en 1633.

Louis II de Bourbon, son fils aîné hérite du duché en 1646. Ambitieux, le vainqueur de Rocroy (contre les Espagnols en 1643) profite de la minorité du Roi (Louis XIV est né en 1638) et de sa gloire militaire pour essayer de jouer un rôle politique, mais la Régente Anne d’Autriche et Mazarin s’y opposent. Le «Grand Condé» menace alors Paris pendant la Fronde, dont il est l’un des chefs, puis offre finalement ses services au Roi d’Espagne alors en guerre contre la France. Ses biens sont confisqués et pour la seconde fois en 20 ans, le duché est pris en charge par l'administration royale. Ce n’est qu’en 1659 que Condé amnistié, rentre en France et recouvre ses terres y compris Chantilly.

Henri-Jules, son fils est le troisième Bourbon à devenir, en 1686, duc de Montmorency. Il ne portera ce titre que 3 ans. Le maréchal de Luxembourg, fils posthume de Montmorency-Boutteville (2) avait en effet souhaité relever le titre et c’est son fils qui obtient en 1689 l'autorisation de changer son titre de duc de Beaufort en celui de duc de Montmorency (2), mais les Condé gardent les terres du duché : St Leu, Plessis-Bouchard etc... et celles-ci sont en novembre 1689 érigées par Louis XIV en duché d’Anguien ; notre ville portera désormais ce nom ; du moins dans les actes officiels.

Louis III lui succède en 1709.

Louis IV Henri le remplace dès 1710

Louis V Joseph devenu seigneur d’Anguien-Montmorency en 1740, l’est encore quand éclate la Révolution qui supprime les droits féodaux. Le Prince de Condé émigre alors, organise «l’armée de Condé qui lutte contre les armées révolutionnaires ; il ne rentre en France qu’en 1815 et meurt 3 ans plus tard.

Louis Henri Joseph, son fils est le dernier Prince de Condé : à sa mort survenue à St Leu en 1830, s'éteint sa lignée, son fils unique le duc d'Enghien ayant été fusillé en 1804 dans les fossés du château de Vincennes.

C'est à Chantilly ou à la cour que séjournent les princes de Condé

Bien que ducs d’Anguien, les Condé ne viennent que rarement dans leur fief : uniquement lors des cérémonies marquant l'avènement d’un nouveau duc et parfois après 1740 lors de l’inhumation d’un des leurs dans le chœur de la Collégiale (4).

«L'an 1760, le 2 aoust, a été inhumé dans le chœur de cette église le corps de très haut, très puissant, très excellent Prince Charles de Bourbon Condé, Comte de Charolais (5) gouverneur et lieutenant pour le Roy en Touraine, chevalier des ordres du Roy, décédé à Paris le mardi 22 juillet à 9 heures du soir, âgé de soixante ans un mois et trois jours et présenté par Mgr l’archevéque de Bordeaux et reçu par moi soussigné curé et supérieur de la maison de l'Oratoire en présence de S.A.S. Mgr le Comte de la Marche et de plusieurs seigneurs de la Cour, de Mr le Comte de Lussan lieutenant général des armées du Roy, premier gentilhomme de la Chambre de feu S.A.S. et de Mr Duclosel représentant le Capitaine des Gardes, lesquels ont signé...» (6);

L'administration du duché est confiée à des officiers qui résident à Montmorency-Anguien et font appliquer les décisions prises à Chantilly car, rien ne se peut faire sans l’accord du duc, que ce soit le contrôle des finances, la justice, l'entretien de la forêt et surtout des mesures plus exceptionnelles telles : en mai 1789 l’érection des terres du sieur Goix en fief (7), l’aménagement de la ville (ainsi en 1782 le prince de Condé pour édifier l’auditoire de Justice fit démolir une partie des remparts et supprima la porte de la Geôle) ou le baptême des cloches de l’église paroissiale. Les cloches reçoivent généralement les noms du prince ou des membres de sa famille ; si le prince «parraine» c’est par procuration : il n’assiste pas à la cérémonie mais s’y fait représenter. Ainsi fera en 1774 Louis Joseph (8) comme Louis Henri l'avait déjà fait en 1720 et 1730.

«Le 5 décembre 1 730 ont été baptisées par nous soussigné, les 4 cloches de la paroisse, au nom de S.A.S. Mgr le Duc et de Melle de Clermont, par messire Jacques Mathas procureur fiscal du duché et dame Marguerite Lefebvre, épouse de messire Nicolas Couet, bailly du duché. La première a été nommée Louise-Henriette, la seconde Louise-Françoise, la troisième Charlotte, la quatrième Marie-Anne.» (6)

signé : Perdrigeon, prêtre de l’Oratoire,< br/>curé d’Anguien.

Encore faut-il ne pas oublier de faire figurer sur les cloches les armoiries de S.A.S. ! Cela coûte cher comme l'ont appris à leurs dépens les habitants de Groslay en 1675.(9).

«...pour avoir fait fondre de nouvelles cloches sans avoir fait graver les armes de S.A.S. comme elles étaient dans les anciennes, ils seront condamnés à 10 livres d'amende...»

Puissants mais trop lointains seigneurs, les Condé sont peu connus de la population de notre ville qui les craint plus qu’elle ne les aime. Cela sera patent lors des évènements révolutionnaires.

Jacqueline Rabasse

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Notes

(1) : Cf. revue N° 6.

(2) cf. Revue N° 3 Ch. Rowe, le maréchal de Montmorency-Luxembourg.

(3) Anguien : nom d'une seigneurie du Hainaut, longtemps possession des Boubons ; le fils aîné des Bourbon-Condé est appelé Duc d'Anguien.

(4) Les Condé ont été inhumés jusqu'en 1740 à Vallery, près de sens.

(5) Il s'agit d'un oncle du prince Louis V Joseph qui n'assiste pas à la réunion.

(6) Archives municipales de Montmorency :registres de catholicité.

(7) Revue n°6 cf. l'article de D. Marsoulaud.

(8) cf. revue n°6 le texte publié P. 31.

(9) Archives municipales de Groslay ;registres de catholicité.

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