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Aperçu démographique de Montmorency au XVIIIe siècle

Introduction

Loin d'être exhaustive, cette courte étude de la démographie de Montmorency au XVIIIe siècle tend plus à mettre en perspective différents problèmes qu'à les résoudre. Seul le dépouillement complet des sources (registres paroissiaux, relevé des tailles. . .) pourrait nous donner une image nette de la population montmorencéenne, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Nous nous bornerons ici à une présentation quantitative de la période de 1689 à 1788, soit le siècle précédent la Révolution. L'analyse de la démographie montmorencéenne reste à faire.

J'espère que le présent article en sera une juste introduction.

L'espace habité

Le bourg montmorencéen est bien moins étendu que la ville actuelle. La majorité des habitations se situe entre, du nord au sud l'actuelle avenue Foch et le L.E.P., et d'est en ouest du collège P. de Ronsard à l'Hôpital ; soit un peu moins de vingt hectares.

La société est essentiellement rurale. La vigne est une culture privilégiée et le travail de la terre est complété par des activités saisonnières : exploitation des carrières de plâtre, de la forêt, confection de dentelle. Si toutes les professions d’une communauté rurale sont représentées, certaines apparaissent plus souvent à la lecture des registres paroissiaux. Ainsi il est fréquemment fait mention de vignerons mais aussi des métiers de justice (greffier, huissier, avocat).

Population

Les rôles des tailles montrent une population à peu près stable : 364 feux en 1709, 353 en 1785 et 376 en 1788. On considère généralement qu’un feu regroupe quatre personnes. Celà indiquerait une population moyenne de 1460 habitants.

Le R.P. Cotte dénombre 1580 habitants en 1776 dont 270 familles. Esprit scientifique et rigoureux, longtemps attaché à la paroisse, le père Cotte est un témoin digne de foi, dont l’estimation peut servir de référence.

Mais cette comparaison au-delà de près d’un siècle masque de nombreuse fluctuations. La stabilité n’est qu’apparente.

L’accroissement naturel (solde naissances-sépultures) indique un net recul dès la fin du XVII° siècle qui se poursuit jusqu'en 1712 ; le déficit est alors de 120 habitants. Le niveau de 1689 ne sera atteint qu'en 1732. Cette période est marquée par diverses calamités :

Lors de ces crises, le nombre de sépultures double. La période de 1732 à 1754 marque une certaine stabilité, voire un léger accroissement. À partir de 1754, la population de Montmorency augmente de façon régulière et constante, sans heurts importants. Il est à noter que durant cette période, la mortalité est en régression sensible, sans qu’il soit possible d’en cerner toutes les raisons.

Mortalité

Nombres de sépultures de 1689 à 1789.
Réparttion des sépultures par âge.

La mortalité infantile est particulièrement élevée. Elle représente près de 60 % de la mortalité totale. La population infantile est surtout sensible aux épidémies. En 1712 plus des 3/4 des sépultures sont des sépultures d’enfants. Les garçons sont les plus touchés : 2/3 d’entre eux meurent avant 5 ans. 50 % des filles n’atteignent pas l’âge de 12 ans.

Ainsi les périodes de croissance démographiques, à mieux parler d’accroissement naturel, ne peuvent se concevoir sans une chute de la mortalité ; chute dûe à un bien-être économique, à une amélioration des subsistances et ainsi de la santé des plus fragiles.

Natalité

Nombres de naissances de 1689 à 1789.

Sans dénombrement exact de la population il est impossible de calculer un taux de natalité de façon précise. Cependant la lecture de la courbe des naissances révèle quatre grandes périodes.

De 1689 à 1709 les naissances sont nombreuses, de 10 % à 20 % supérieures à la moyenne du siècle.

Suit une période de déclin de 1709 à 1733, marquée par des crises ponctuelles mais successives que la démographie montmorencéenne semble surmonter avec difficultés : hiver 1709-1710, épidémie de variole en 1712, sécheresse en 1733. La natalité est alors de 10 % à 20 % inférieures à la moyenne.

Les trente années suivantes (1734-1764) les naissances se stabilisent et progressent même quelque peu.

À partir de 1764 la courbe de natalité s’infléchit de nouveau. Les naissances s’établissent à un niveau inférieur de 10 % à la moyenne. A la différence avec la période 1709-1733 aucun fléau, aucune crise ne frappe Montmorency ; au contraire comme on l’a dit précédemment la mortalité diminue sensiblement. On peut supposer qu’à partir de cette date (environ 1765) la restriction volontaire des naissances se répand dans la population.

La population montmorencéenne est alors dans une période d’accroissement linéaire ou presque. La restriction des naissances semble répondre à la nette diminution de la mortalité, comme pour maintenir un équilibre. Un argument supplémentaire vient étayer cette hypothèse : la répartition mensuelle des naissances. En effet, la majorité des naissances se situe avant ou après les récoltes, pendant les mois où le travail de la terre est le moins exigeant. Pour le seul mois de mars, la natalité est de 40 % supérieure à la moyenne. Inversement, juin, juillet et août sont nettement inférieurs à la moyenne.

Si la naissance du premier enfant dépend de la date du mariage, en est-il de même pour les suivants ? Une telle constance sur un siècle ne peut être dûe au hasard mais est bien le reflet d’une volonté.

* * * * * * * *

De façon schématique, l’on pourrait diviser ce siècle en deux parties opposées.

De 1689 à 1754, se dessine une période de crises et d’incertitudes. La forte natalité compense rarement l’effroyable mortalité. Les disettes et les épidémies ne laissent aucun répit et emportent les timides regains des années précédentes.

À partir de 1754, la démographie montmorencéenne entre dans une période d’équilibre. Les épidémies disparaissent. La mortalité recule. Si la natalité diminue, c’est probablement volontaire, mais elle se maintient toujours nettement au-dessus du seuil d’accroissement.

J'espère que ce court exposé aura permis de mieux cerner la population montmorencéenne du XVIIIe siècle.

Ce sont ses habitants qui font une ville, qui établissent sa renommée, qui modèle son avenir. Mieux les connaître, c’est mieux apprécier leurs héritages.

D. MARSOULAUD

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