L’exposé qui suit a pour but de vous faire découvrir la population de Montmorency, à travers le recensement de 1791, et par là même de vous permettre d’imaginer la vie des Montmorencéens.
Par décrets des 19 et 22 juillet 1791, l’Assemblée Constituante ordonne aux nouvelles communes d'établir la liste nominative de leurs habitants. Souvent détruits, car devenus caducs, ses premiers «recensements» de l’époque moderne sont rares.
Montmorency a le privilêge d’avoir conservé ceux de 1791 et 1793. A proprement parler il ne ‘s’agit pas de recensements au sens actuel du terme, mais plutôt de dénombrements.
Le présent article concerne uniquement celui de 1791, image fidèle, irremplagable de la population montmorencéenne aux premières années de la Révolution.
Les résultats du dénombrement de 1791 furent portés sur un document composé de trente feuillets reliés, déposé aux Archives municipales. Dans un très bon état de conservation..la lecture en est aisée et facilitée par la qualité de la présentation et de la calligraphie.
Il est évident que le rédacteur soigna particulièrement son travail.
Malheureusement, nous n’avons aucun renseignement sur les conditions dans lesquelles se déroula ce dénombrement. Qui fut chargé de l’enquête ? À quelle période de l’année fut-il réalisé ? Quels critères furent retenus pour désigner «le chef de famille« ? Nous n’avons pu y répondre.
La population fut recensée par propriété. La majorité des propriétés comprenant plusieurs logements. Ainsi il fut dénombré 308 propriétés et 475 logements. Pour chaque propriété est indiqué le nom du propriétaire, pour chaque habitation, le nom du «chef de famille», son état civil, son âge, sa profession. Viennent à la suite le nom et l’âge du conjoint et des enfants. Aucun renseignement n’est porté quant à la qualité de l’habitat.
Sur chaque feuillet est effectué un comptage selon le sexe et l’état civil, en quatre catégories. Le dernier feuillet comprend les totaux pour chaque catégorie et le dénombrement général de la population.
De nombreux feuillets comportent des indications marginales. Celles-ci, d’une écriture différente et souvent illisible, assurément postérieures à la rédaction première, apparaissent comme des adjonctions personnalisées, preuve d’une mise à jour certes ponctuelle mais suivie.
Sur les 475 logements répertoriés, 457 sont habités (10 sont vacants, 8 n’apparaissent pas). Un seul hameau se différencie du bourg : le hameau de la Rue, 30 habitations y compris le «quartier» de l’Hermitage (1). La population recensée est de 1767 individus, soit 3 à 4 personnes en moyenne par foyer. Mais seulement 1704, plus de 96 % d’entre elles sont suffisamment cernées pour être prises en compte dans la présente étude. Les 63 autres habitants furent juste comptabilisés sans autre précision ; il s’agit surtout de bourgeois absents de la ville lors de l’enquête. Montmorency était, déjà en ce XVIIIe siècle finissant, un lieu de séjour recherché par la bourgeoisie parisienne.
1625 personnes ont déclaré leur âge, soit près de 92 % de la population totale, ce qui dénote un degré d'instruction assez élevé (72 hommes et 853 femmes).
Enfin, 529 professions ont été décomptées. En rêgle générale seule celle du chef de famille est indiquée, ainsi que celles des employés (domestique, apprenti, etc...).
La population montmorencéenne est jeune 29 ans en moyenne. 39 % des habitants ont moins de 20 ans, 54 % moins de 30 ans. De telles proportions, de nos jours, raviraient nombre de nos hommes politiques ! Mais à l’époque elles étaient inférieures à la moyenne nationale. En 1789, 52 % des français avaient moins de 20 ans, soit 13 points d'écart avec la moyenne montmorencéenne ! L’explication la plus plausible de cette très nette différence semble être la limitation volontaire des naissances, certainement pratiquée dès le milieu du XVIIIe siècle à Montmorency (2). Le taux de natalité se situe en 1791 autour de 27‰, alors qu’il est supérieur à 35‰ au niveau national. Montmorency, communauté équilibrée, croît peu intrinséquement.
Parallèlement le taux de mortalité est faible : 23‰.(34‰°/00 pour la France). Ceci s’explique par l'incidence de la mortalité infantile et juvénile (peu de naissances donc faible mortalité infantile), mais aussi par la forte représentation des classes aisées dans la société montmorencéenne.
Les familles semblent assez peu élargies. 67 % d’entre elles se composent de 1 à 4-personnes. Si les enfants domiciliés chez leurs parents représentent près de 46 % de la population, plus de 54 % des foyers comprennent moins de trois enfants, seuls 17 % ont plus de 3 enfants. Il est vrai que l’on se marie «tard» : la moyenne d’âge des chefs de famille est de 45 ans (aussi bien pour les femmes que pour les hommes), et plus de 56 % des habitants sont célibataires.
La mort frappe inégalement hommes et femmes : 35 veufs, 94 veuves. Mais paradoxalement, ils vieillissent pareillement : 10 hommes et 7 femmes ont plus de 80 ans. Les garçons sont plus touchés par la mortalité infantile et juvénile, mais l’équilibre se rétablit à l’âge adulte. La pyramide des âges ne présente pas de sérieuses perturbations. Montmorency vit donc comme une cité: à la démographie stable et équilibrée.
Par ses activités, la population montmorencéenne est une population urbaine. Si la culture de la vigne reste prédominante, près de 21 % de vignerons, le secteur primaire ne représente que 33 % des professions.
Avec 46 %, le secteur tertiaire est devenu largement majoritaire.
La forte représentation de certaines activités, bâtiment (15%), commerce (17%), domesticité (16%), prouve la richesse et la vitalité économique de la communauté montmorencéenne. De plus, ancienne ville seigneuriale, depuis longtemps habitée par une population aisée, siège du Tribunal de District depuis 1790, Montmorency abrite un nombre relativement important d'hommes de loi. Enfin 53 chefs de famille (10%) se désignent comme «bourgeois».
Proche de Paris, jouissant d’un cadre agréable, cité animée, ce visage de Montmorency nous est familier. Son destin s’est déjà attaché à celui de la capitale. La population rurale disparaît, les secteurs d’activités se diversifient, une population bourgeoise s’est largement implantée. Montmorency tourne le dos au passé. Si sa démographie est relativement peu dynamique, elle est équilibrée, preuve d’un «bien vivre» à Montmorency. Cela n’est-il pas encore vrai de nos jours ?
Vigneron | 97 |
Journalier et manouvrier | 55 |
Berger | 3 |
Charpentier | 11 |
Couvreur | 6 |
Maçon | 27 |
Menuisier (dont 1 apprenti) | 5 |
Plâtrier | 2 |
Serrurier | 5 |
Tailleur de pierre | 6 |
Vitrier | 3 |
Couvreur | 6 |
Bourrelier | 2 |
Charron | 4 |
Chaudronnier | 1 |
Cordonnier | 9 |
Coutelier | 1 |
Maréchal | 1 |
Taillandier | 2 |
Tailleur (dont 1 apprenti) | 10 |
Tonnelier | 3 |
Tourneur | 1 |
Vannier | 1 |
Divers | 7 |
Boucher | 6 |
Boulanger | 4 |
Charcutier | 2 |
Épicier (dont 2 apprentis) | 17 |
Mareyeur | 1 |
Meunier | 4 |
Pâtissier | 1 |
Bistière | 2 |
Blanchisseuse | 4 |
Chapelier | 3 |
Couturière | 4 |
Fripier | 4 |
Marchand de dentelle | 1 |
Mercier | 2 |
Perruquier | 5 |
Avocats | 2 |
Avoués | 5 |
Buraliste | 1 |
Clerc | 2 |
Commissaire | 2 |
Contrôleur | 2 |
Geôlier | 1 |
Greffier | 1 |
Huissier | 5 |
Procureur | 3 |
Receveur | 1 |
Architecte | 2 |
Aubergiste | 2 |
Charretier | 2 |
Chirurgien | 2 |
Commissionnaire | 2 |
Fontainier | 2 |
Maître d'école | 2 |
Ravaudeuse | 2 |
Rempailleuse | 2 |
Cuisinière | 8 |
Domestique | 63 |
Jardinier (dont 1 apprenti) | 14 |
Divers | 8 |
Religieux | 11 |
Bourgeois | 53 |
Mendiants | 9 |
Total du secteur primaire | 155 |
Total du secteur secondaire | 104 |
Total du secteur tertiaire | 210 |
Total des inactifs | 62 |
Denis MARSOULAUD
Dernière mise à jour le 22/03/2024 à 08:46:49.
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